Présentation d’une idée sur la nature du temps, sur le
lien entre la vie et le temps.
Presentation of an idea about
the time and the relationship between life and time.
Ho Manh Trung
Résumé : Un être vivant est une entité qui a la possibilité d’être sensible à la
dérive universelle vers le désordre ; s’il y est sensible c’est parce qu’il
parvient à y résister, à s’en extraire, au moins provisoirement ; la sensibilité
à cette dérive universelle est probablement inconsciente chez les plantes,
peut-être un peu consciente chez des animaux et consciente chez l’être humain. La perception plus ou moins claire de cette dérive vers le
désordre, les humains la nomment le temps.
Sur le plan
pratique, la rotation de la terre sur elle-même a conduit l’être humain (ainsi
que d’autres vivants) à partager la période d’un jour de 24 heures en deux
parties, l’une étant consacrée à l’activité et l’autre au repos et à la
récupération. Sa rotation autour du soleil fournit une autre unité de temps :
l’année et entraine l’existence de quatre saisons, phénomène qui a gouverné, pendant
longtemps les activités humaines notamment en agriculture.
Par la suite,
l’homme a pu construire des systèmes plus petits, appelés horloges, montres …et
qui marquent des durées plus
courtes (heures, minutes, secondes…) et dont les indications de temps sont
cohérentes avec celles données par des mouvements des astres, notamment ceux de
la Terre.
Mots clefs : temps, vie, time, life,
ordre-désordre, order-disorder, dérive universelle, nuit, jour, saisons.
1)
Une promenade lexicale sur la notion de
« temps ».
En premier lieu, nous convions nos lecteurs à une promenade
lexicale pour étudier les définitions du « temps » données par différents dictionnaires modernes dans
plusieurs langues. C’est une façon efficace de faire le point sur les connaissances ordinaires qui existent sur
ce sujet. Le paragraphe 1.1 est destiné
au rappel d’un certain nombre de définitions ; les observations et
conclusions qui en découlent sont présentées au paragraphe 1.2.
1.1 La notion de « temps » selon des
dictionnaires
1.1.1
Le Petit Larousse :
« TEMPS n.m.
(lat. tempus). 1. Notion fondamentale conçue comme un milieu
infini dans lequel se succèdent les événements et souvent ressentie comme une
force agissant sur le monde, les êtres. Le temps et l’espace. La fuite du
temps.[1] 2.
ASTRON., PHYS. Ce milieu, conçu comme une dimension de l’Univers (espace-temps). »…5. Chacune des phases successives d’une
opération, d’une action… 11. Moment,
époque occupant une place déterminée dans la suite des événements ou
caractérisée par qqch….Bon temps : moments
heureux, de plaisir…
1.1.2
Le Petit Robert :
« TEMPS [tã] n.m – fin Xè , au sens d’ « espace de
temps » (I, A, 2°) ; du latin tempus.
I (SENS TEMPOREL) LE TEMPS QUI PASSE. Milieu indéfini
où paraissent se dérouler irréversiblement les existences dans leur changement,
les événements et les phénomènes dans leur succession.
A. Considéré dans sa durée.
1 Durée globale. Perdre , gagner du temps…
2 (fin Xè) Portion limitée de cette durée globale, espace de
temps…> moment, période[2]…Avoir
du temps (de) libre, du temps à soi…
3 (1677) Chacune des divisions égales de la mesure, en
musique. Une noire , une croche par temps…
4 Chacune des phases d’une action, d’une opération…Vous
procéderez en deux temps…
5 (1860) SPORT . Durée chronométrée d’une course…
6 (vers 1960 ; anglais time-sharing) INFORM. Temps
partagé…
B. Considéré dans sa succession (chronologie).
1 Point repérable dans une succession par référence à un
« avant » et un « après »… Le temps n’est pas loin où…En
ce temps là…Chaque chose en son temps…
2 (fin XIè) La suite des événements dans l’histoire > ère,
époque, génération, siècle... Notre temps, celui où nous vivons. Être
de son temps, en avoir les mœurs, les idées…
3 Epoque de la vie > âge . (Avec un possessif) De
mon temps, quand j’étais jeune…
4 loc. adv. (fin XIè) A TEMPS : juste assez
tôt ; à point nommé. EN MÊME
TEMPS : simultanément….
5 (fin XIIè) GRAMM. Forme verbale particulière à valeur
temporelle (> conjugaison)…
C. Dans des représentations psychiques ou
intellectuelles.
1 ( début XIIIè) LE TEMPS : entité (souvent
personnifiée) représentative du changement continuel de l’univers. « Le
temps n’a point de rive. Il coule et nous passons ! »
LAMARTINE . Ecoulement, fuite du temps .Le cours, la marche du
temps. « Ô temps, suspends ton vol ! »LAMARTINE. L’action,
les injures, les outrages du temps. Défier le temps, être plus fort que le
temps ( >éternel, immortel) ; être hors du temps ( >intemporel)
…
2 (XVIIè, Pascal) Catégorie fondamentale de l’entendement,
objet de la réflexion philosophique et scientifique lié à l’expérience de la
durée. »L’erreur de Kant a été de prendre le temps pour un milieu
homogène » BERGSON… Temps réel, vécu ; temps objectif,
mesurable, opératoire…
II (SENS METEOROLOGIQUE) LE TEMPS QU’IL FAIT (milieu
XIIè). Etat de l’atmosphère à un moment donné considéré surtout dans son
influence sur la vie et l’activité humaines… Temps chaud, froid ; sec,
pluvieux. Quel beau temps ! Quel temps fait-il ?... »
Dans le Petit Robert l’article « Temps » est un texte fort important d’une page
et demie, écrit avec de petits caractères ; ci-dessus, nous n’avons gardé
que des points essentiels.
1.1.3 Le Dictionnaire en ligne de Cambridge :
Consulté le 27 juin
2013
http://dictionary.cambridge.org/dictionary/british/time_1?q=-time
Time noun
Definition:
“[U2] the part
of existence which is measured in seconds, minutes, hours, days, weeks, months,
years, etc., or this process considered as a whole
He wants to spend more time with his family.
Time passes so quickly when you're enjoying yourself.
…”
1.1.4 Le Dictionnaire en
ligne de Merriam-Webster :
Consulté le 27 juin 2013
http://www.merriam-webster.com/dictionary/time
“Definition of TIME
1
a : the measured or measurable
period during which an action, process, or condition exists or continues :
duration
b : a nonspatial continuum
that is measured in terms of events which succeed one another from past through
present to future
2
3
a : an appointed, fixed, or
customary moment or hour for something to happen, begin, or end <arrived
ahead of time>
b : an opportune or suitable moment
<decided it was time to retire> —often used in the phrase about
time <about time for a change>
4
b : a division of geologic
chronology
c : conditions at present or
at some specified period —usually used in plural <times are hard>
<move with the times>
d : the present time
<issues of the time>
…”
Cet
article comprend jusqu’à 14 groupes de sens, comme les groupes 1, 2, 3, 4…
cités ci-dessus.
1.1.5
Le Dictionnaire du chinois contemporain :
En chinois le temps est désigné par le mot « shìjiān 时间». Le Dictionnaire
du chinois contemporain donne pour ce mot la définition suivante, que nous
avons traduite en français :
Shìjiān 时间 : temps
« Une espèce de modalité objective d’existence de choses
matérielles, un système continu, non interrompu composé par le passé, le
présent et l’avenir. C’est la manifestation du caractère continu et successif
des mouvements et transformations de la matière. »
Le titre du dictionnaire en langue d’origine ainsi que d’autres
informations le concernant sont donnés en Bibliographie ; cette remarque
s’applique aussi pour le Grand Dictionnaire de la langue vietnamienne mentionné au
paragraphe suivant.
1.1.6
Le Grand Dictionnaire de la langue vietnamienne :
En vietnamien, le temps est désigné par l’expression « thời
gian » Le Grand Dictionnaire de la langue vietnamienne lui
donne la définition suivante, traduite en français par nos soins : « Une
modalité fondamentale d’existence des choses matérielles, dans laquelle ces
choses sont constamment en mouvement. »
1.2
Conclusions pour cette première section. Difficultés à
définir le temps.
De notre promenade
lexicale nous pouvons noter qu’à côté des emplois très concrets dans lesquels
le mot « temps » se rapporte à des moments ou époques caractérisés
par des actions ou événements particuliers comme par exemple dans : avoir
du bon temps, dans un deuxième temps, il y a aussi des observations plus générales, auxquelles nous nous
intéressons plus particulièrement :
a)Trois ouvrages :
le Dictionnaire du chinois contemporain, le Grand Dictionnaire de la langue vietnamienne et le Dictionnaire
en ligne de Cambridge soulignent le fait que le temps est une
modalité d’existence ou une part de l’existence
même des choses ;
b) Les trois
autres : le Petit Larousse, le Petit Robert et le Dictionnaire en ligne de
Merriam-Webster introduisent l’idée que le temps peut être considéré comme
un milieu indéfini dans lequel paraissent se dérouler les existences, les
événements etc.
Les deux points de
vue a) et b) ne sont pas totalement contradictoires ; le premier considère
le temps comme une modalité d’existence sans autre précision alors que second donne
à cette modalité la forme concrète d’un
milieu indéfini dans lequel paraissent se dérouler existences et événements.
Cette dernière idée
semble être suggérée par notre connaissance de l’espace qui peut être
représenté, de façon très intéressante, par trois axes de coordonnées :
ox, oy, oz. De la même façon, un axe ot a été ajouté pour représenter le
temps ; mais il convient de noter
une différence fondamentale qui existe
entre l’axe temporel ot et les trois spatiaux ox, oy, oz : les
objets du monde sont libres par rapport aux axes spatiaux ; ils peuvent
rester fixes ou être déplacés par rapport à ces axes sans être nécessairement
liés entre eux ; sur l’axe ot, c’est différent : tous les objets du
monde sont entrainés ensemble sur l’axe ot par l’écoulement inéluctable et
irréversible du temps ; cet écoulement ne peut se produire que dans un
seul sens, sans pouvoir se renverser ; pour cette raison, si on considère
un événement, un autre événement est forcément :
antérieur
(avant), simultané ou postérieur (après).
Du point de vue
d’un observateur qui observe le cours du temps, le triade ci-dessus devient:
le passé, le présent et le futur.
Par ailleurs, il
convient de noter que quand on utilise ensemble des axes de coordonnées
spatiales et l’axe temporel comme dans :
-
ox, oy
et ot
-
ox, oy,
oz, et ot
il y a un postulat
implicite, c’est que, pour le problème tel qu’il est envisagé, les axes de
coordonnées spatiales ne changent pas avec le temps ; ils sont dits fixes.
Ces axes ox, oy, oz sont ainsi choisis en tenant compte de cette condition et
aussi pour obtenir une représentation simple des différents faits ou
événements. Ainsi pour décrire les mouvements d’un joueur de football au cours
d’un match, on peut utiliser le centre du terrain comme « point
d’origine » avec comme axes de coordonnées spatiales deux droites
parallèles aux côtés du terrain et passant par ce centre ; à un autre
niveau, pour avoir une idée du mouvement de la Terre autour du Soleil, il est intéressant
de penser au plan qui contient le Soleil et l’orbite de la Terre ; dans un
tel plan, cette dernière a la forme d’une ellipse très proche d’un cercle dont
un des foyers est occupé par le Soleil ; ainsi il est souvent possible de trouver,
pour chaque problème, une représentation assez simple qui aide à mieux le
comprendre.
c)Le Petit
Robert et aussi le Dictionnaire
en ligne de Merriam-Webster donnent un peu plus de détail en considérant le
temps :
-dans sa durée : avoir du temps, gagner du temps ;
-et dans sa succession (chronologie) : à temps, en même temps.
L’étude des connaissances ordinaires concernant les sujets
du temps et de la vie nous amène aux observations suivantes :
-comme le dit le Petit
Robert, la sagesse courante constate l’existence du « temps qui
passe » et parvient à décrire ses deux aspects importants : temps en
tant que durée et temps en tant que
succession ;
-le temps est si impliqué dans l’existence de certains
phénomènes que le langage a parfois des difficultés à distinguer les phénomènes
eux-mêmes de leur durée; ainsi considérons
le cas de la vie, pour ce phénomène fondamental
qui permet de distinguer les êtres vivants des objets inertes, le langage
utilise le même mot « vie »
pour désigner à la fois le phénomène et sa durée.
L’article sur le temps du Petit Larousse comprend quinze subdivisions, celui du Petit Robert quatorze et celui du Dictionnaire en ligne de Merriam-Webster,
quatorze également ; de plus à chaque subdivision peuvent correspondre
plusieurs sens ; on a ainsi la nette impression que, pour cette notion de
temps, les dictionnaires nous décrivent un ensemble d’emplois tels qu’ils
existent sans pouvoir offrir une ou plusieurs définitions relativement
cohérentes.
Cette difficulté à définir le temps n’est pas particulière
aux dictionnaires ; les auteurs de différentes disciplines (scientifiques ou
philosophes) qui s’intéressent de façon
approfondie au temps reconnaissent cette difficulté.
Une telle difficulté est aggravée par la tendance qui
consiste à utiliser le mot temps pour désigner non seulement le temps lui-même,
un laps de temps, mais aussi pour évoquer des phénomènes ou événements qui s’y
déroulent ; on a ainsi par exemple des emplois tels que : avoir du
bon temps, en temps de guerre, en temps de crise...
Nous souhaitons, dans la présente note examiner cette notion
de temps dans son fondement même, sans aborder le problème de l’usage du mot
« temps » dont la polysémie peut permettre des emplois variés.
2) L’espace et
le temps un ensemble de modalités d’existence. Hypothèses raisonnables sur
l’émergence des notions d’espace et de temps chez l’être humain.
2.1 Relation entre le temps et les changements.
Avec l’intention d’examiner cette notion de temps dans son
fondement, nous proposons d’étudier
l’existence des choses, sans se donner a priori de notions dites
fondamentales qu’on s’interdit ainsi d’examiner
par la suite.
Imaginons un monde dans lequel il n’y a aucun
changement ; dans un tel cas il nous est encore possible d’imaginer qu’il
existe un temps, mais ce temps n’a plus aucune signification pratique ; à
vrai dire, si nous parvenons à imaginer un temps pour ce monde, c’est parce que
nous faisons partie d’un monde avec changements et avec temps ; tout se
passe comme si nous transposons le temps de notre monde à ce monde hypothétique
sans changement. Il est donc raisonnable d’admettre qu’il existe une certaine
relation entre le temps et les changements.
En fait, depuis toujours, les hommes savaient que le temps est
en relation avec des changements, qui peuvent être importants.
Une expression en quatre caractères, bien connue en Chine et
dans d’autres pays d’Extrême-Orient:
« Cang hai sang
tian 沧海桑田» exprime ce fait.
En mot à mot, elle se traduit par :
Mer bleue, champs de mûriers.
C’est une façon de citer de façon lapidaire un texte qui dit
qu’avec le temps la mer bleue, c’est à dire la grande mer, est transformée en
champs de mûriers et inversement, des champs de mûriers sont transformés en
grande mer.
Ce texte fait partie du livre : Shen xian chuan ou Biographies
des divins immortels, dont l’auteur Ge Hong vit entre le 3ème et
le 4ème siècle après J.C.
La langue vietnamienne garde la même expression mais en
mettant en premier lieu les champs de mûriers, ce qui conduit à :
桑田沧海 qui se
lit en vietnamien: « Tang điền,
thương hải ».
Cette expression de quatre mots a été réduite à deux mots
pour donner « Tang thương » ;
cette expression, dite sino-vietnamienne, peut être utilisée comme adjectif et
éventuellement comme nom. Comme adjectif,
elle indique que l’aspect d’une personne est triste, malheureux, ou qu’une
situation est douloureuse.
Comme nom, elle désignerait des changements importants dans la vie ;
mais cet emploi est très, très rare ; le vietnamien préfère utiliser à sa
place une expression totalement vietnamienne :
« Bể dâu » ;
bể= mer ; dâu= mûrier ; bể dâu=
changements importants dans la vie.
A côté de ces exemples qui nous viennent d’Extrême-Orient,
on ne peut ne pas citer, au moins le début, du merveilleux poème de François
Villon (15ème siècle après J.C.) :
BALLADE DES DAMES DU TEMPS JADIS
Dites-moi où, n’en quel pays,
Est Flora, la belle romaine ;
Archipiada, et Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine ;
Echo, parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
Mais où sont les neiges d’antan !
…
Le texte d’origine chinoise fait un constat pratiquement
matériel, géologique (grande mer transformée en champs de mûriers et
inversement), alors que la ballade de François Villon, traitant d’un sujet très
humain, nous touche davantage ; leur point commun, c’est qu’ils parlent du
temps qui passe et qui « amène » des changements.
2.2 Propositions pour définir de façon fondamentale le
temps et la vie.
2.2.1 Le monde des choses
matérielles. Le passage de l’ordre vers le désordre.
Nous proposons donc de partir du fait que dans le monde il
existe des choses matérielles et qui changent.
Mais ces changements ne se font pas dans n’importe quelle
direction. La science moderne, qui est d’origine européenne, nous apprend que
les changements se font dans le sens de l’ordre
vers le désordre ; la
science ne fait aucun jugement de valeur ; le sens de ce passage de l’ordre vers le désordre est
présenté de façon intuitive ci-dessous sur des exemples.
1er Exemple : Prenons deux fûts reliés par un
tube avec, en son milieu, un « robinet » permettant d’isoler les deux
fûts ; avec le robinet fermé, on laisse l’un des fûts rempli avec l’air
qui y est contenu au départ et on vide l’autre de son air; après cette
opération, si l’on ouvre le robinet, l’air qui se trouve dans le fût plein se mettra à passer vers le fût vide et finalement occupera de façon homogène tout
l’espace offert par les deux fûts ; on a en quelque sorte une espèce
d’égalisation ; au départ , lors de l’ouverture du robinet, il y a une
« tension » qui fait passer l’air du fût plein vers le fût vide, mais une
fois que tout l’air est réparti de façon homogène entre le deux fûts, cette « tension » n’existe plus ; on dit qu’il y a
« dégradation de l’énergie » ;
2ème Exemple : L’eau de pluie qui tombe sur les
pentes d’une montagne, sur des plateaux ou des plaines hautes, coule ensuite vers
des endroits situés plus en bas et finira par rejoindre la mer ; l’eau qui
se trouve dans les parties hautes des montagnes a une propension importante à
couler vers le bas, elle forme alors des torrents qui peuvent être
impétueux ; au fur et à mesure qu’elle descend vers la plaine son
impétuosité diminue et elle forme alors des fleuves, dont le débit qui peut
être important est plus tranquille ; une fois entré dans la mer, on peut
dire que la propension à couler vers le bas n’existe plus ; on a encore
ici une « dégradation
de l’énergie » comme dans l’exemple
1 ;
3ème Exemple : Considérons maintenant le cas
d’une montagne elle-même; juste après son érection, elle peut être
majestueuse ; mais la pluie, le vent, l’ensoleillement, de façon générale
les intempéries l’attaquent et la transforment progressivement en gros blocs,
puis en blocs plus petits, en cailloux puis en sables, en poussières ; tous
ces blocs grands et petits, sables et poussières sont irrésistiblement
entrainés vers le bas pour être déposés dans des plaines ou dans la mer ;
bien que, dans cet exemple, on a affaire à des solides (grands et petits blocs,
cailloux, sables, poussières) et non plus l’eau comme dans le 2ème exemple, on peut
remarquer l’existence d’un certain parallélisme entre les deux exemples avec
une différence importante dans
la durée du processus; dans l’exemple 2 l’eau de pluie tombée sur une région
haute a besoin de quelques heures à quelques jours pour rejoindre la mer, alors
que dans l’exemple 3, des dizaines sinon des centaines de millions d’années
sont nécessaires pour qu’une montagne soit érodée, transformée en sables et
poussières qui sont ensuite transportés et déposés dans des plaines et/ou dans la
mer.
Avec le temps qui
passe, une quantité de gaz tend à occuper de façon homogène tout l’espace
offert par deux fûts, l’eau de pluie tombée sur des régions hautes coule vers
la mer, une haute montagne sera transformée
en blocs, cailloux, sédiments qui seront déposés, par la suite, dans des
plaines ou au fonds de l’océan.
Le temps qui passe mène
ainsi à une sorte d’égalisation ; avec cette égalisation, disparait alors
la tension devant provoquer des changements, on dit alors qu’il y a dégradation
de l’énergie.
Les trois exemples
présentés ci-dessus nous suggère donc une image partielle de l’univers qui
comprend des choses matérielles qui changent, soit chacune dans sa propre
constitution ou configuration, soit les unes par rapport aux autres ; ces
changements correspondent tous au passage d’une situation plus ou moins
ordonnée vers une situation plus désordonnée. Dans le domaine qui nous
intéresse ici, le mot « ordre » correspondrait à la situation d’un
ensemble, d’un système qui présenterait une certaine structure, certaine
organisation particulière, alors que le mot « désordre » désignerait
la situation d’un système qui ne présenterait plus de structure, plus d’organisation
particulière, tous les éléments du système se valent ; il y a une espèce
d’égalisation des éléments.
2.2.2 Le phénomène de la
vie.
Au paragraphe
précédent, après avoir décrit sur des exemples l’évolution des choses
matérielles, nous disons qu’il s’agit
d’une image partielle de l’univers, car à côté de cette masse immense de
choses matérielles inertes, masse
soumise à une dérive générale vers plus de désordre, l’univers comprend aussi,
au moins sur la planète Terre, des entités constituées également par de la matière,
mais sous la forme d’associations de molécules beaucoup plus complexes ; la
masse de l’ensemble de ces entités complexes est très faible par rapport à
celle des choses matérielles inertes, mais elles s’en distinguent bien, grâce à un comportement particulier qui consiste
à résister ou même à remonter, pendant une période limitée, le courant de cette
dérive vers plus de désordre; ces entités particulières, ce sont les
êtres vivants.
Au début d’une vie,
quand un œuf fécondé grandit et devient un jeune adulte, le système vivant constitué,
au départ, par l’œuf, se développe, se complexifie et acquiert de nombreuses
capacités; nous admettons à titre d’hypothèse provisoire que ce passage de
l’état d’un œuf fécondé à celui d’un
organisme adulte correspond à une augmentation de l’ordre, mot dont la
définition a été donnée à la fin du paragraphe 2.2.1. On peut admettre
approximativement que, par la suite, pendant la vie adulte, le système vivant
garde à peu près son organisation, sa complexité, et donc son niveau d’ordre, sans
exclure des possibilités d’acquisition de compétences nouvelles ou de
réparations. Puis à partir d’un certain moment, l’organisme entre dans une
troisième phase correspondant à un début de désorganisation progressive qui
serait le début de la vieillesse ; le moment de ce début de vieillesse,
son ampleur, le sens et la vitesse de son évolution dépend de l’individu, de la
façon dont il vit…; cette désorganisation est différentielle en ce sens qu’elle
n’affecte pas de la même façon et au même moment les différents parties
(organes…) du système vivant ; lorsque cette désorganisation n’atteigne
pas encore les parties vitales du
système, celui-ci garde une certaine capacité de se maintenir; mais
certaines désorganisations peuvent
entrainer d’autres ; avec cette multiplication des désorganisations, des
organes essentiels peuvent être atteints et ceci peut conduire à la mort de
l’organisme ; le cadavre, qui garde
pour un moment l’apparence inerte d’un être vivant, est devenu un ensemble de
molécules combinés de façon certes complexe mais soumis, comme tout autre amas
de molécules, à la dérive générale vers la désorganisation .
Les étapes de la vie
décrites ci-dessus peuvent être résumées, approximativement, de la façon
suivante:
-
L’étape
1 : développement de l’individu à partir d’un œuf fécondé pour
devenir un jeune adulte: augmentation du niveau d’ordre (il convient de
noter que cette hypothèse sur l’augmentation
du niveau d’ordre n’est pas essentielle, ce qui est important, c’est le
fait que l’œuf fécondé est devenu un jeune adulte prêt à mener sa vie);
-
L’étape
2 : vie adulte : en gros, maintien du niveau d’ordre ;
-
L’étape
3 : déclin, vieillesse : diminution progressive, différentielle du
niveau d’ordre ; lorsque cette diminution du niveau d’ordre atteint de
façon importante des organes essentiels, alors elle peut conduire à la perte de
toute capacité de réparation et à la mort qui correspondrait à une désorganisation totale.
2.2.3 Etre vivant c’est
être sensible au temps qui passe.
D’après ce qui est
dit au paragraphe précédent, une entité vivante serait une enceinte dans
laquelle un certain niveau d’ordre parvient à se maintenir ; selon l’étape
de la vie ce niveau peut se développer, se maintenir ou même diminuer sans passer
en dessous d’un certain niveau pour
les organes essentiels; ce maintien d’un certain niveau d’ordre est réalisé de
façon dynamique grâce à des échanges, des modifications, des adaptations et non
pas par une résistance purement passive à la manière d’un cristal très dur.
Un bloc de pierre,
un caillou, un grain de poussière, un liquide, un gaz… sont des objets qui sont entrainés irrésistiblement par la dérive générale vers
plus de désordre ; inclus totalement dans cette dérive ils ne peuvent y être
sensibles.
Pour pouvoir être
sensible à cette dérive entrainant notamment la dégradation de l’énergie, il faut
une certaine différence. Une telle différence peut exister chez une entité qui :
-
Soit va
à l’encontre de cette dérive, en augmentant son
niveau d’ordre;
-
Soit reste
stable en maintenant à peu près constant son niveau d’ordre;
-
Soit dérive mais moins que l’univers matériel en subissant une
certaine diminution de son niveau d’ordre global, sans que ce niveau passe en-dessous
de certaine limite pour les organes essentiels.
Ceci nous amène à
proposer la définition suivante pour un être vivant :
Un être vivant c’est une entité qui a la possibilité
d’être sensible à la dérive universelle vers le désordre ; s’il y est
sensible c’est parce qu’il parvient à y résister, à s’en extraire au moins
provisoirement ; cette sensibilité
à la dérive universelle est probablement inconsciente chez les plantes,
peut-être un peu consciente chez des animaux et consciente chez l’être humain. Cette perception plus ou moins claire de la dérive
universelle vers le désordre, les humains la nomment le temps.
2.3 Processus probables de l’émergence des notions
d’espace et de temps chez l’être humain.
2.3.1 Généralités.
Au paragraphe 2.2
nous avons examiné les deux conditions de base permettant à des entités d’être sensibles à la dérive fondamentale du monde vers plus de désordre: d’un côté, l’existence de cette dérive qui affecte le monde
matériel inerte et de l’autre l’existence d’entités qui parviennent à échapper à cette dérive et qui y sont donc
sensibles ; ces entités ce sont les êtres vivants ; parmi ceux-ci,
les plus évolués, c’est-à-dire les humains ont élaboré les notions d’espace et
de temps ; notre point de vue est que, ces notions, si fondamentales soient-elles,
ont été élaborées. Bien entendu, il est difficile de connaitre de façon précise
les conditions de ces élaborations ; ce que nous souhaitons faire c’est
simplement de proposer quelques scénarios possibles.
2.3.2 Le monde humain courant.
Depuis que l’être
humain existe sur la planète Terre, peut être depuis quelques centaines de milliers d’années, ou même depuis
quelques millions d’années, son habitat doit avoir des conditions géométriques
fondamentales, ainsi que des conditions
d’éclairement par le soleil et la lune à peu près analogues à celles que nous
connaissons actuellement.
Il nous semble
raisonnable d’admettre que les notions, plus ou moins précises, d’existence des
objets, d’espace et de temps sont venues aux hommes anciens grâce à la longue
expérience de vie dans cet environnement, dans ce monde humain courant.
2.3.3 Notions relatives à
l’existence des objets et des trois dimensions de l’espace.
Commençons par les
notions relatives à l’existence des objets et aux trois dimensions de l’espace.
Bien entendu, les hommes anciens pouvaient ne pas avoir des conceptions aussi
précises que les nôtres, mais à force de rencontrer ou d’utiliser des objets de
formes et de tailles différentes, il est probable qu’ils finissent par se rendre
compte de certaines choses et d’acquérir
ainsi plusieurs notions.
La première notion
importante concerne l’existence ou la non-existence d’une chose :
-il y a de la
nourriture, il n’y a pas de nourriture ;
-il y a un gros bloc
de pierre (ou un arbre tombé) qui barre le chemin, il n’y a pas de bloc de
pierre (ou d’arbre tombé) barrant le chemin ;
-…
D’autres notions
concernent, non plus l’existence même des objets mais leurs formes variées. Ainsi
les hommes peuvent s’apercevoir qu’un objet peut être :
-plus long ou plus
court qu’un autre (par exemple dans une direction horizontale);
-plus large ou plus
étroit qu’un autre (par exemple dans une autre direction horizontale);
-plus épais ou plus
mince qu’un autre (par exemple dans une direction verticale).
Le vide en tant que
tel paraît plus difficile à concevoir ; en revanche le vide dans le flanc
d’une falaise ou d’un coteau est plus facilement concevable ; aux hommes
anciens, un tel vide se présenterait comme une grotte, dans laquelle ils pouvaient
se mettre à l’abri contre le vent, le froid, les animaux sauvages etc. Il est probable que les hommes, vivant dans des grottes, s’apercevraient aussi qu’une grotte peut être
plus ou moins large, plus ou moins haute sous plafond et plus ou moins profonde ;
ainsi une grotte a aussi trois dimensions comme un objet plein.
Les trois dimensions
d’une grotte seraient-elles les mêmes que les trois dimensions d’un objet
matériel ? Les hommes anciens ne se posaient probablement pas une telle
question ; mais il est probable qu’ils
connaissaient des règles pratiques, utiles telles que :
-plus une grotte est
grande, plus elle peut contenir de personnes venues s’y réfugier ;
-quand on veut
boucher l’entrée d’une grotte, dans laquelle sont cachés par exemple, des
aliments, si l’entrée est grande, il est nécessaire d’employer plus de blocs de
pierres et ou des blocs de plus grande taille ;
-…
Ainsi, à notre avis,
les hommes anciens devaient avoir, au moins, une idée sur la relation étroite
qui existe entre les dimensions des objets matériels concrets et celle de
l’espace vide.
A titre de
comparaison : nous pouvons dire, maintenant, au 21ème siècle, que, par définition,
les dimensions du vide sont les mêmes
que celles des objets matériels ; ainsi imaginons, pour simplifier, une
falaise plane et verticale et que nous creusons dans cette falaise une
grotte ; par sa définition même, la forme, le volume de cette grotte sont
la forme et le volume définis par les surfaces formées par les matériaux non
enlevés après le creusement de la
grotte ; cette forme et ce volume sont aussi ceux qui sont occupés
auparavant par la masse des matériaux qui ont été enlevés par le
creusement ; nous pouvons aussi imaginer qu’on puisse remplir la grotte avec
une mousse synthétique qui après
solidification donne un moulage de la grotte ; ainsi une grotte peut être
définie par l’ensemble de ses parois matérielles ou par un moulage intérieur,
c'est-à-dire par des objets matériels, le vide lui-même ne donne, par contre, aucun
repère permettant de définir ce qu’est
une grotte.
2.3.4 L’émergence de la
notion de temps.
Le paragraphe
précédent, à travers d’exemples simples, suggère que l’expérience de la vie
courante peut conduire l’être humain à des notions fondamentales de l’existence
des objets et de l’espace à trois dimensions. Dans ce paragraphe, nous avons
simplement accepté le fait que l’être humain
a eu l’occasion de vivre pendant une longue période dans ce que nous appelons : le monde
humain courant ; il peut très bien parvenir à avoir des notions sur l’existence des objets,
sur les trois dimensions des objets et de l’espace dans lequel ils sont logés,
sans nécessairement penser, dans la même démarche, à la notion de temps.
Nous abordons
maintenant le problème de cette notion.
La notion de temps
est en relation étroite avec les changements ; dans un monde sans
changement, la notion de temps n’a pas
d’intérêt, ni de sens.
Il est même probable
que la notion de temps est venue à l’être humain grâce aux changements qui se
répètent, à l’échelle de la vie humaine. Il y a des changements intérieurs et
des changements extérieurs à l’être humain.
Ainsi, par exemple,
quand le soleil est au zénith, l’homme a faim, il mange; à la fin du repas il
est rassasié, c’est la satiété ; après, quand le soleil disparaît à
l’horizon, il a de nouveau faim, il se nourrit, est de nouveau rassasié etc.
Bien entendu, il est possible de décrire un phénomène analogue avec la soif. Ce
cycle de changements internes : faim (soif), satiété, faim (soif), … doit avoir
joué un rôle important dans la naissance de la notion de temps chez
l’être humain, et aussi d’autres notions afférentes, peut-être vagues au
début, d’« antériorité », de « simultanéité » et de
« postérité » : une demie journée après le précédent repas
(antériorité) , l’homme a faim ; en mangeant il ressent immédiatement une satisfaction (quasi
simultanéité) et sera rapidement rassasié (postérité).
Les sensations
personnelles, décrites ci-dessus, sont essentielles dans l’émergence des idées
du temps, de son passage, de la simultanéité, …chez chaque individu ; d’autres
changements de plus grande ampleur, affectant de nombreux individus, peuvent
aider à renforcer, à développer, à organiser cette notion de temps. Ainsi les
hommes peuvent constater qu’avec le temps les êtres jeunes se développent,
vivent une vie adulte, vieillissent et meurent ; ces phénomènes se
constatent aussi bien chez les humains, les animaux et que chez les plantes.
De son côté, le
monde non vivant a aussi apporté une contribution importante dans le
développement de la notion de temps chez l’être humain. Par suite du fait qu’il
a besoin de la lumière pour voir, l'homme a été amené à régler son cycle d’activité et de repos en fonction
des levers et couchers du soleil ;
très probablement, cette nécessité de faire coïncider une période
d’activité avec une période pendant laquelle le soleil est au-dessus de
l’horizon, a contribué à l’émergence de
la notion de simultanéité, valable non seulement pour un individu, mais objective
car basée sur un phénomène cosmique connu de tous et donc partageable entre
différents individus d’un groupe d’humains, d’une tribu.
Une période avec le
soleil au-dessus de l’horizon serait trop large ; par la suite, des hommes
peuvent parvenir à définir des simultanéités avec des moments plus précis par
exemple : « On arrête de travailler pour prendre le second repas du
jour quand le soleil sera au zénith » ; suite à une telle décision,
des personnes peuvent se réunir sur un lieu convenu pour manger ensemble ; le rendez-vous
est ainsi possible grâce à la simultanéité avec un événement astronomique concret,
connu et suffisamment important pour être valable pour des personnes n’habitant
pas trop loin les unes des autres.
Ainsi la rotation de
la terre sur elle-même, rotation à l’origine de l’existence du jour et de la
nuit apparaît comme un phénomène cosmique essentiel puisqu’elle a conduit
l’être humain (ainsi que d’autres vivants) à partager, au moins initialement, la
période d’un jour de 24 heures en deux parties, l’une étant consacrée à
l’activité et l’autre au repos et à la récupération.
Sa rotation autour
du soleil en 365 jours et ¼ entraine, de son côté, l’existence des quatre saisons; c’est aussi un phénomène exceptionnel
parce qu’à la place d’un écoulement monotone des jours, nous pouvons assister, dans le court laps de temps d’une
année et à différents points du globe, au réveil de la nature, à l’éclosion
luxuriante des fleurs, au mûrissement des fruits et des épis, à la chute des feuilles et à la
préparation de la nature pour entrer de nouveau dans une nouvelle période
hivernale.
Cette succession des
saisons a gouverné, pendant longtemps les activités humaines notamment en
agriculture avec le cycle : labours, semailles, soins et attente, récolte,
et repos des terres.
L’être humain,
sa vie, sa civilisation portent l’empreinte essentielle de la dérive universelle
vers plus de désordre ainsi que celle des deux rotations de la Terre. L’homme
vit en résistant au mieux contre cette dérive; il sait qu’elle est implacable
mais elle lui a suggéré l’idée du temps ; de leur côté, les deux rotations
de la Terre l’ont aidé à créer des grandeurs de base utilisées dans le système
de repérage, appelé « mesure du temps »:
-
Jour :
« Espace de temps qui s’écoule pendant une rotation de la Terre sur
elle-même et qui sert d’unité de temps (24 heures) » (Petit Robert 2008);
-
Année : « Temps
de révolution de la Terre autour du Soleil » ; « Année tropique : temps qui s’écoule
entre deux passages successifs de la Terre au point vernal (365,2421988… jours
pour l’année tropique moyenne). » ; « Point vernal : équinoxe de printemps » (Petit Robert 2008).
Par la suite,
l’homme a pu construire des systèmes plus petits, appelés horloges, montres …et
qui marquent des durées plus
courtes (heures, minutes, secondes…) et dont les indications de temps sont
cohérentes avec celles données par des mouvements des astres, notamment ceux de
la Terre.
3)
Conclusions
Sur le plan de la philosophie de la connaissance, nous
pouvons noter que, pour faciliter la compréhension du monde matériel, des
sciences comme la physique, la géométrie... ont décomposé ce monde en deux parties :
- la première comprend l’espace avec ses trois dimensions et
le temps qui est bien plus complexe que l’espace ; l’ensemble espace et temps
forme un cadre dans lequel sont situés les matières et énergies de la deuxième
partie ;
- la deuxième partie comprend les matières et énergies du
monde qui sont contenues dans le cadre ci-dessus.
Sur un plan plus général, c’est avec la vie que le temps
prend toute sa valeur. Dans un monde sans vie, le temps n’aurait presque pas de
sens ; son écoulement amènerait essentiellement à une érosion des
hauteurs, une égalisation des choses ; qu’un autre soubresaut des forces
telluriques survienne, alors il peut ériger une nouvelle montagne; mais la
pluie, la neige, le vent, l’ensoleillement, … sont là pour recommencer leur travail de sape ; l’opération
peut être renouvelée de nombreuses fois, mais
cela n’a pas de sens. Dès le départ, la vie, par sa nature, est un effort pour
remonter le courant de la dérive universelle vers le désordre ; cet effort
a conduit à une multitude de formes de vie, plus belles les unes que les
autres: des plantes, des fleurs, des animaux doux, moins doux … et enfin
l’homme avec sa civilisation, ses connaissances. Des connaissances si étendues,
si profondes qu’elles lui donnent la possibilité d’agir sur la Nature. Le
problème qu’il doit se poser est : comment faire pour satisfaire de façon
raisonnable ses besoins tout en
respectant l’intégrité de la Nature.
BIBLIOGRAPHIE
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en ligne de Merriam-Webster :
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-Samuel A. Goudsmit, Robert Claiborne, La mesure du temps, Paris, Robert Laffont, 1970, 190p.
-Stephen W. Hawking, Une
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Tự-điển (Dictionnaire de la langue vietnamienne), Saigon et Hanoi, Văn Mới,
1954, 664 p.
-Xinhua chengyu
cidian ( Dictionnaire Xinhua d’expressions toutes faites), Beijing, Shangwu
yinshu guan, 2002, 1048 p.
[1]
Dans les dictionnaires Petit Larousse et Petit Robert les
exemples sont écrits en italique ; nous avons étendu cette convention aux
extraits d’autres dictionnaires ; d’une façon générale les titres des ouvrages, les mots étrangers
sont aussi en italique, mais la confusion est pratiquement impossible.
[2]
Dans le Petit Robert les mots en gras
précédés du signe > sont des mots dont le sens est proche ou en relation
avec la définition donnée ; il en est de même des mots en bleu du Dictionnaire en ligne de Merriam-Webster.
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