vendredi 6 avril 2012

Wen Tianxiang et le Chant du Souffle juste


Wen Tianxiang and the Song of the Righteous inspiration.


Ho Manh Trung.


1 Généralités.

Wen Tianxiang文天祥 (1236-1283), Duc de Xinguo 信国公 (Xin Guo Gong), fut le premier ministre de la dynastie des Song du Sud dans ses derniers jours; reçu premier au concours impérial à l’âge de vingt ans, il a servi en tant qu’administrateur et général. En 1276 les forces mongoles parvinrent à prendre la capitale des Song du Sud : Hangzhou et à capturer l’empereur Gongdi et les impératrices douairières. Wen Tianxiang et quelques autres continuèrent à résister malgré la faiblesse des moyens dont ils disposaient. Wen fut capturé en 1278 et amené à Beijing, capitale des Mongols de la dynastie des Yuan. Kubilay khan, petit-fils de Gengis khan et empereur Shizu des Yuan tenta d’obtenir son ralliement en lui offrant un poste mais il refusa et  fut exécuté en 1283 à l’âge de 47 ans. Pendant sa longue captivité, il a confié ses pensées, ses sentiments à des poèmes qui les ont transmis à la postérité.

Pour cet article nous avons consulté le site « China the beautiful » qui fournit le texte chinois pour quatre poèmes dont le   « Zheng qi ge » 正气歌 soit : « Chant du Souffle juste », le « Guo Lingdingyang » 过零丁洋soit : « En traversant Lingdingyang » et le « Yangzi jiang » 扬子江soit « Le fleuve Yangzi »; http://chinapage.com/main2.htlm  ou http://chinapage.com/china.htlm  ; site consulté le 6 avril 2012.

Comme le site « China the beautiful » ne fournit le texte de ces poèmes qu'en format PDF, le texte du "Chant du Souffle juste" en caractères chinois simplifiés, reproduit en Annexes vient d'une page de Baidu Baike  consultée le 6 avril 2012 : 
http://baike.baidu.com/view/98170.htm . 

Pour le lecteur maîtrisant le vietnamien, nous avons aussi reproduit en Annexes la lecture vietnamienne des caractères chinois du texte du poème "Chant du Souffle juste" ainsi qu'une traduction de ce poème en vietnamien ; ces informations viennent d'une page de Wikipedia, consultée le 6 avril 2012: 
http://vi.wikipedia.org/wiki/V%C4%83n_Thi%C3%AAn_T%C6%B0%E1%BB%9Dng

Nous présentons ci-dessous:
- deux courts poèmes : le « Yangzi jiang » composé avant sa capture par l’ennemi et le célèbre « Guo Lingdingyang » écrit en captivité;
- et le long poème « Zheng qi ge »ou « Chant du Souffle juste »; si Wen Tianxiang est un des grands héros de la Chine avec plusieurs monuments ou parcs consacrés à sa mémoire, le « Chant du Souffle juste » est le chant héroïque de la Chine ; son influence dépasse même les frontières du pays.

2 Présentation de deux courts poèmes.


Le poème « Yangzi jiang » 扬子江ou « Le fleuve Yangzi ».

Nous proposons, ci-dessous une traduction en prose pour ce poème de quatre vers heptasyllabiques écrit pendant la période où Wen Tianxiang était encore en lutte contre les Mongols :
« Le fleuve Yangzi.

Pendant plusieurs jours, selon le vent, j’ai voyagé en Mer du Nord,
Au retour j’ai suivi le cours du grand fleuve Yangzi.
Le cœur du sujet que je suis est comme une aiguille aimantée,
Il ne connaît pas de repos s’il ne s’oriente dans la direction du sud. »

L’auteur y exprime sa loyauté envers la dynastie des Song du sud désignée ici par l’expression : direction du sud.

Le poème « Guo Lingdingyang »‘过零丁洋 ou  « En traversant Lingdingyang »

C’est un poème de huit vers heptasyllabiques écrit sur un bateau, alors que Wen Tianxiang était prisonnier des Mongols.
Il y évoque les épreuves subies par le pays comme par lui-même, il soupire avant d’affirmer sa détermination dans les deux derniers vers, particulièrement forts et très admirés:

« Des humains, depuis l’antiquité, qui a échappé à la mort ?
Autant laisser un cœur loyal qui illuminera les annales de l’histoire. »

3 Le poème « Zheng qi ge » 正气歌 ou  « Chant du Souffle juste ».


Le « Chant du Souffle juste » est un long poème de soixante vers pentasyllabiques écrit en prison.
Nous le présentons ci-dessous avec des traductions pour les passages essentiels (les vers ont été numérotés: 1, 5, 10,..) ; il commence ainsi :

01)« L’univers a le Souffle juste,
Celui-ci est distribué à tous les existants doués de forme.
En bas, il se fait (wei) fleuves et montagnes,
En haut, il se fait (wei) soleil et étoiles.
05)Chez l’humain, on dit qu’il est débordant,
     Abondant il remplit toutes les hauteurs du ciel. »

Comme le montre son titre, ce poème est un chant consacré à un souffle ( qi) qui est juste (zheng) ; ce souffle se manifeste en différents existants ; le verbe utilisé est wei dont le sens de base est : faire ; mais il a aussi le sens de se comporter en, se transformer en ; nous l’avons traduit ici par : se faire ; chez l’humain ce souffle juste est qualifié de débordant (浩然 hao ran; en Vn: hạo nhiên) expression utilisée par Mencius auquel l’auteur se réfère explicitement dans la préface.

Après cette introduction générale, le poème passe de façon plus spécifique à la vie humaine mettant en valeur des actes de droiture:

« Lorsque l’empire est en période de paix,
Les paroles aimables éclairent la vie à la cour ;
Quand les temps sont durs, apparaissent des actes de droiture,
10)Et l’histoire les transmet un à un à la postérité.
A Qi, (c’étaient ) les tablettes de l’historiographe,
A Jin, (c’était ) le pinceau de Dong Hu,
A Qin (c’étaient ) les gourdins commandés par Zhang Liang,
A Hàn, (c’était ) le fanion de Su Wu. »

Les deux premiers actes de droiture concernaient deux historiographes qui, au risque de leur vie, inscrivaient dans les annales qu’à telle date, un tel  avait assassiné le souverain ; les gourdins étaient ceux qu’utilisait un guerrier que Zhang Liang, pour venger son pays, le royaume Hán (avec le 2ème ton) détruit par Qin, avait convaincu d’aller tuer le premier empereur Qin Shi Huangdi ; Su Wu, envoyé par l’empereur Hàn (avec le 4ème ton) comme embassadeur chez les Xiongnu, a été retenu par ces derniers ; il refusait de se rendre, gardait toujours son fanion de l’empire Hàn ; au bout de 19 ans les Xiongnu ont dû le laisser repartir.

Le poème poursuit l’énumération des actes ou comportements méritoires en utilisant de nouveau huit fois la formulation avec le verbewei que nous traduisons ici : ‘se manifester dans’ ; pour alléger nous ne répétons pas ce verbe à chaque vers bien que le texte chinois le fait : 

Il (le souffle juste) se manifeste :

15)« Dans la tête du général Yan qui accepte de la risquer,
Dans le sang versé par l’assistant Ji pour sauver son souverain,
Dans les dents cassées de Zhang, défenseur de Suiyang,
Dans la langue coupée de Yan, gouverneur de Changshan,
Ou dans le chapeau de Guan Ning réfugié au Liaodong,
20)Refusant tout poste, gardant sa droiture plus éclatante que glace et neige.
Ou dans l’avis de départ des troupes de Kong Ming,
Tirant des larmes aux esprits par sa noble détermination.
Ou dans la rame avec laquelle Zu Ti a frappé l’eau du Fleuve Bleu,
Faisant le serment de pacifier les Hu et les Jie.
25)Ou dans la tablette d’écriture avec laquelle,
     Duan Xiushi a fendu la tête d’un traître. »

Les quatre vers de 15 à 18 correspondent aux cas de quatre personnes qui ont maintenu leur détermination, malgré leurs situations désespérées (être prisonnier ou entouré de nombreux ennemis) ; toutes ont payé de leur vie, sauf le général Yan, dont le vainqueur généreux, ému par sa magnanimité, lui a laissé la vie sauve.
Les huit vers de 19 à 26 correspondent aussi à quatre héros ; ils donnent plus de détails sur chaque cas mais sans citer les noms ; dans la traduction, nous avons complété l’information sur ce point. Ces quatre personnes n’étaient pas dans des situations désespérées ; ils avaient agi de leur propre initiative ; tous ont vécu longtemps après l’événement relaté, sauf le dernier. Le cas de Guan Ning mérite d’être souligné ; il n’a pas accompli d’acte de bravoure spectaculaire ; dans un monde en désordre, il s’est retiré pour vivre pauvrement en éduquant le peuple par l’enseignement et par l’exemple.

Le poème revient ensuite au Souffle juste :

27)« Ce que ce Souffle remplit demeurera,
Majestueux, pendant la durée de dix mille antiquités.
Alors qu’il relie les astres comme la lune et le soleil,
30)En quoi la question de la vie ou de la mort de chacun mérite encore d’être
débattue?
Grâce à lui, les liens retenant la terre sont établis,
Les piliers du ciel maintiennent celui-ci dans sa haute position,
Les Trois Relations organisent la vie de chacun,
Et la Voie, le Sens du Juste ont leur racine.

35)Hélas ! Je rencontre une très mauvaise chance,
L’employé subalterne que je suis est impuissant. 
      ….. »

En une douzaine de vers Wen Tianxiang décrit sa captivité, puis il semble être encouragé par deux années de bonne santé :

47) « J’ai vécu ainsi deux années, pendant lesquelles,
Les cent maladies m’ont épargné.
Ah ! Hélas ! Cet endroit bas et humide,
50)Me sert maintenant d’habitation calme et confortable.

Quel artifice étrange fait que l’alternance,
Du Yin, du Yang, du froid et de la canicule ne peut m’atteindre ?
Ce n’est que le Souffle juste qui brille dans mon coeur,
Et qui me fait voir les choses de la vie comme des nuages flottants.

55)Mon cœur est triste mais il reste calme et lointain,
Le ciel bleu peut-il avoir une limite ?
Le temps des sages est déjà éloigné,
Et les modèles se trouvent dans un lointain passé.
Sous l’auvent j’ouvre un livre et je lis,
60)La Voie ancienne brille devant mon visage. »

 4    Conclusion .


Wen Tianxiang était un grand patriote, loyal envers son pays et la dynastie régnante ; sa détermination était exemplaire ; ses poèmes le disent.
Le « Zheng qi ge » montre que son auteur croit à l’existence dans l’univers d’un Souffle juste, il se manifeste chez l’être humain par des actes de droiture, des comportements de rectitude. Il serait réductionniste de considérer que ce souffle est simplement une énergie matérielle; il n’est pas non plus un dieu qui indique  à l’être humain ce qu’il doit faire ; Wen Tianxiang a bien précisé que chez l’être humain ce Souffle juste est le souffle débordant (hao ran zhi qi浩然之气;en Vn:hạo nhiên chi khí ) défini par Mencius comme un souffle grand et fort, nourri de droiture (zhi; trực), non lésé et qui s’unit avec le Sens du juste (YiNghĩa) et la Voie ( Dao;Đạo). Comme c’est le même souffle qui existe partout et depuis toujours, il joue aussi un rôle de lien entre tous les humains droits et nobles du passé, du présent et du futur, humains que le souffle relie aussi aux astres et au cosmos.

Annexes: 

 1) http://baike.baidu.com/view/98170.htm

       文天祥    正气歌


         天地有正气,杂然赋流形。下则为河岳,上则为日星。于人曰浩然,沛乎塞苍冥。
  皇路当清夷,含和吐明庭。时穷节乃见,一一垂丹青。在齐太史简,在晋董狐笔
  在秦张良椎,在汉苏武节。为严将军头,为嵇侍中血。为张睢阳齿,为颜常山舌
  或为辽东帽,清操厉冰雪。或为出师表,鬼神泣壮烈。或为渡江楫,慷慨吞胡羯。
  或为击贼笏,逆竖头破裂。是气所磅礴,凛烈万古存。当其贯日月,生死安足论。
  地维赖以立,天柱赖以尊。三纲实系命,道义为之根。嗟予遘阳九,隶也实不力。
  楚囚缨其冠,传车送穷北。鼎镬甘如饴,求之不可得。阴房阒鬼火,春院闭天黑。
        牛骥同一皂,鸡栖凤凰食。一朝蒙雾露,分作沟中瘠。如此再寒暑,百疠自辟易。
  哀哉沮洳场,为我安乐国。岂有他缪巧,阴阳不能贼。顾此耿耿在,仰视浮云白。
    悠悠我心悲, 苍天曷有极。 哲人日已远,典刑在夙昔。 风檐展书读, 古道照颜色。

2) http://vi.wikipedia.org/wiki/V%C4%83n_Thi%C3%AAn_T%C6%B0%E1%BB%9Dng

           Văn Thiên Tường

Chính khí ca
Thiên địa hữu chính khí
Tạp nhiên phú lưu hình
Hạ tắc vi hà nhạc
Thượng tắc vi nhật tinh
Ư nhân viết "hạo nhiên"
Bái hồ tắc thương minh
Hoàng lộ đương thanh di
Hàm hòa thổ minh đình
Thời cùng tiết nãi hiện
Nhất nhất thùy đan thanh
Tại Tề thái sử giản
Tại tấn Đổng Hồ bút
Tại Tần Chu Hợi truỳ
Tại Hán Tô Vũ tiết
Vi Nghiêm tướng quân đầu
Vi Kê thị trung huyết
Vi Trương Thư Dương xỉ
Vi Nhan Thường Sơn thiệt
Thanh tháo lệ băng tuyết
Hoặc vi Xuất Sư Biểu
Quỉ thần khấp tráng liệt
Hoặc vi độ giang tiếp
Khẳng khái thôn hồ yết
Hoặc vi kích tặc hốt
Nghịch thụ đầu phá liệt
Thị khí sở bàng bạc
Lẫm liệt vạn cổ tồn
Đương kỳ quán nhật nguyệt
Sinh tử an túc luân
Địa duy lại dĩ lập
Thiên trụ lại dĩ tồn
Tam cương thực hệ mệnh
Đạo nghĩa vi chi căn
Ta dư cấu dương cửu
Lệ dã thực bất lực
Sở tù anh kỳ quan
Truyện xa tống cùng bắc
Đỉnh hoạch cam như di
Cầu chi bất khả đắc
Âm phòng niết quỉ hỏa
Xuân viện bí thiên hắc
Ngưu ký đồng nhất tạo
Kê thê phụng hoàng thực
Nhất triêu mông vụ lộ
Phân tác câu trung tích
Như thử tái hàn thử
Bách lệ tự tích dịch
Ai tai tự như trường
Vi ngã an lạc quốc
Khởi hữu tha cù xảo
Âm dương bất năng tặc
Cố thử cảnh thảm bại
Ngưỡng thị phù vân bạch
Du du ngã tâm bi
Thương thiên hạt hữu cực
Triết nhân nhật dĩ viễn
Điển hình tại túc tích
Phong diêm triển thư độc
Cổ đạo chiếu nhan sắc
Bài ca chính khí
Trời đất có chính khí
Tỏa ra cho muôn loài
Là sông núi dưới đất
Là trăng sao trên trời
Đầy rẫy cả vũ trụ
Khí hạo nhiên của người
Gặp cảnh đời bình trị
Triều thịnh vang lời vui
Khi cùng, tiết tháo rõ
Sử xanh ghi đời đời.
Ở Tề, sách Thái Sử
Ở Tấn, bút Đổng Hồ
Ở Tần, chùy Bác Lãng
Ở Hán, cờ họ Tô
Đầu Nghiêm thách trước giặc
Máu Kê trên áo vua
Răng Trương công chửi địch
Lưỡi Kiều Khanh mắng thù.
Hoặc là mũ Liêu Đông
Vẻ băng tuyết phau phau
Hoặc là biểu "Ra quân"
Lẫm liệt quỷ thần sầu
Hoặc qua sông gõ nhịp
Khảng khái nuốt quân Hồ
Hoặc giật hốt đánh giắc
Phường tiếm nghịch toang đầu.
Khi ấy tràn ngập tới
Oai nghiêm muôn thuở còn
Khi đã vượt nhật nguyệt
Sống thác chuyện con con!
Khuôn đất nhờ đó vững
Cột trời nhờ đó còn
Ba giường được gìn giữ
Đạo nghĩa có gốc nguồn.
Xót ta gặp vận ách
Tướng sĩ thực hèn nhát
Dải mũ buộc thân tù
Xe chở lên cực bắc
Ninh nấu cũng cam lòng
Còn để ta mong mãi
Phòng sâu ma lập lòe
Viện xuân thành ngục tối!
Ngựa giỏi nhốt cùng trâu
Chuồng gà, phượng nhặt thóc
Thân này khi gió sương
Đành rãnh ngòi lăn lóc
Thế mà hai năm qua
Tránh xa bao khí độc
Thương ôi! Chỗ lội lầm!
Lại sống yên tối sớm
Phải đâu khôn khéo gì
Âm dương không dám phạm
Vằng vặc tấm cô trung
Ngẩng nhìn mây trắng nổi
Buồn thay! Nỗi lòng ta
Trời xanh cao vời vợi!
Thánh hiền khuất lâu rồi
Khuôn phép vẫn không mất
Hiên gió mở sách coi
Gương xưa soi trước mặt.


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