Wen Tianxiang and the Song of the Righteous inspiration.
Ho Manh Trung.
1 Généralités.
Wen Tianxiang文天祥 (1236-1283), Duc de Xinguo 信国公 (Xin Guo Gong), fut le premier ministre de la dynastie des Song
du Sud dans ses derniers jours; reçu premier au concours impérial à l’âge
de vingt ans, il a servi en tant qu’administrateur et général. En 1276 les
forces mongoles parvinrent à prendre la capitale des Song du Sud :
Hangzhou et à capturer l’empereur Gongdi et les impératrices douairières. Wen
Tianxiang et quelques autres continuèrent à résister malgré la faiblesse des
moyens dont ils disposaient. Wen fut capturé en 1278 et amené à Beijing,
capitale des Mongols de la dynastie des Yuan. Kubilay khan, petit-fils de
Gengis khan et empereur Shizu des Yuan tenta d’obtenir son ralliement en lui
offrant un poste mais il refusa et fut
exécuté en 1283 à l’âge de 47 ans. Pendant sa longue captivité, il a confié ses
pensées, ses sentiments à des poèmes qui les ont transmis à la postérité.
Pour cet article nous avons consulté le site « China the beautiful » qui
fournit le texte chinois pour quatre poèmes dont le « Zheng
qi ge » 正气歌 soit : « Chant du Souffle juste »,
le « Guo Lingdingyang » 过零丁洋soit :
« En traversant Lingdingyang » et le « Yangzi jiang » 扬子江soit « Le
fleuve Yangzi »;
http://chinapage.com/main2.htlm ou http://chinapage.com/china.htlm ; site consulté le 6 avril 2012.
Comme le site « China the beautiful » ne fournit le texte de ces poèmes qu'en format PDF, le texte du "Chant du Souffle juste" en caractères chinois simplifiés, reproduit en Annexes vient d'une page de Baidu Baike consultée le 6 avril 2012 :
http://baike.baidu.com/view/98170.htm .
Pour le lecteur maîtrisant le vietnamien, nous avons aussi reproduit en Annexes la lecture vietnamienne des caractères chinois du texte du poème "Chant du Souffle juste" ainsi qu'une traduction de ce poème en vietnamien ; ces informations viennent d'une page de Wikipedia, consultée le 6 avril 2012:
http://vi.wikipedia.org/wiki/V%C4%83n_Thi%C3%AAn_T%C6%B0%E1%BB%9Dng
Nous présentons ci-dessous:
- deux
courts poèmes : le « Yangzi jiang »
composé avant sa capture par l’ennemi et le célèbre « Guo Lingdingyang » écrit en
captivité;
- et le long poème « Zheng
qi ge »ou « Chant du
Souffle juste »; si Wen Tianxiang est un des grands héros de la Chine avec plusieurs
monuments ou parcs consacrés à sa mémoire, le « Chant du Souffle juste »
est le chant héroïque de la Chine ; son influence dépasse même les
frontières du pays.
2 Présentation de deux courts poèmes.
Le
poème « Yangzi jiang » 扬子江ou
« Le fleuve Yangzi ».
Nous proposons, ci-dessous une traduction en prose pour
ce poème de quatre vers heptasyllabiques écrit pendant la période où Wen Tianxiang
était encore en lutte contre les Mongols :
« Le fleuve Yangzi.
Pendant plusieurs jours, selon le vent, j’ai
voyagé en Mer du Nord,
Au retour j’ai suivi le cours du grand
fleuve Yangzi.
Le cœur du sujet que je suis est comme une
aiguille aimantée,
Il ne connaît pas de repos s’il ne s’oriente
dans la direction du sud. »
L’auteur y exprime sa loyauté envers la
dynastie des Song du sud désignée ici par l’expression : direction du sud.
Le
poème « Guo Lingdingyang »‘过零丁洋 ou
« En traversant Lingdingyang »
C’est un poème de huit vers heptasyllabiques
écrit sur un bateau, alors que Wen Tianxiang était prisonnier des Mongols.
Il y évoque les épreuves subies par le pays
comme par lui-même, il soupire avant d’affirmer sa détermination dans les deux
derniers vers, particulièrement forts et très admirés:
« Des humains, depuis l’antiquité, qui
a échappé à la mort ?
Autant laisser un cœur loyal qui illuminera
les annales de l’histoire. »
3 Le poème « Zheng qi ge » 正气歌 ou « Chant du Souffle juste ».
Le « Chant du Souffle juste » est
un long poème de soixante vers pentasyllabiques écrit en prison.
Nous le présentons ci-dessous avec des
traductions pour les passages essentiels (les vers ont été numérotés: 1, 5, 10,..) ; il commence ainsi :
01)« L’univers a le Souffle juste,
Celui-ci est distribué à tous les existants
doués de forme.
En bas, il se fait (为wei) fleuves et montagnes,
En haut, il se fait (为wei) soleil et étoiles.
05)Chez l’humain, on dit qu’il est
débordant,
Abondant il remplit toutes les hauteurs du
ciel. »
Comme le montre son titre, ce poème est un
chant consacré à un souffle (气 qi) qui est juste (正 zheng) ; ce souffle se manifeste en différents existants ; le verbe
utilisé est 为 wei dont le sens de base est : faire ;
mais il a aussi le sens de se comporter en, se transformer en ; nous
l’avons traduit ici par : se faire ; chez l’humain ce souffle juste
est qualifié de débordant (浩然 hao
ran; en Vn: hạo nhiên) expression utilisée par Mencius auquel l’auteur se réfère explicitement
dans la préface.
Après cette introduction générale, le poème
passe de façon plus spécifique à la vie humaine mettant en valeur des actes de droiture:
« Lorsque l’empire est en période de
paix,
Les paroles aimables éclairent la vie à la
cour ;
Quand les temps sont durs, apparaissent des
actes de droiture,
10)Et l’histoire les transmet un à un à la
postérité.
A Qi, (c’étaient ) les tablettes de
l’historiographe,
A Jin, (c’était ) le pinceau de Dong Hu,
A Qin (c’étaient ) les gourdins commandés
par Zhang Liang,
A Hàn, (c’était ) le fanion de Su Wu. »
Les deux premiers actes de droiture
concernaient deux historiographes qui, au risque de leur vie, inscrivaient dans
les annales qu’à telle date, un tel
avait assassiné le souverain ; les gourdins étaient ceux
qu’utilisait un guerrier que Zhang Liang, pour venger son pays, le royaume Hán (avec le 2ème ton) détruit par Qin, avait convaincu d’aller tuer le
premier empereur Qin Shi Huangdi ; Su Wu, envoyé par l’empereur Hàn (avec
le 4ème ton) comme embassadeur chez les Xiongnu, a été retenu par
ces derniers ; il refusait de se rendre, gardait toujours son fanion de
l’empire Hàn ; au bout de 19 ans les Xiongnu ont dû le laisser repartir.
Le poème poursuit l’énumération des actes ou
comportements méritoires en utilisant de nouveau huit fois la formulation avec
le verbe 为wei que nous
traduisons ici : ‘se manifester dans’ ; pour alléger nous ne répétons
pas ce verbe à chaque vers bien que le texte chinois le fait :
Il (le souffle juste) se manifeste :
15)« Dans la tête du général Yan qui
accepte de la risquer,
Dans le sang versé par l’assistant Ji pour
sauver son souverain,
Dans les dents cassées de Zhang, défenseur
de Suiyang,
Dans la langue coupée de Yan, gouverneur de
Changshan,
Ou dans le chapeau de Guan Ning réfugié au
Liaodong,
20)Refusant tout poste, gardant sa droiture
plus éclatante que glace et neige.
Ou dans l’avis de départ des troupes de Kong
Ming,
Tirant des larmes aux esprits par sa noble
détermination.
Ou dans la rame avec laquelle Zu Ti a frappé
l’eau du Fleuve Bleu,
Faisant le serment de pacifier les Hu et les
Jie.
25)Ou dans la tablette d’écriture avec
laquelle,
Duan Xiushi a fendu la tête d’un
traître. »
Les quatre vers de 15 à 18 correspondent aux
cas de quatre personnes qui ont maintenu leur détermination, malgré leurs
situations désespérées (être prisonnier ou entouré de nombreux ennemis) ;
toutes ont payé de leur vie, sauf le général Yan, dont le vainqueur généreux,
ému par sa magnanimité, lui a laissé la vie sauve.
Les huit vers de 19 à 26 correspondent aussi
à quatre héros ; ils donnent plus de détails sur chaque cas mais sans
citer les noms ; dans la traduction, nous avons complété l’information sur
ce point. Ces quatre personnes n’étaient pas dans des situations
désespérées ; ils avaient agi de leur propre initiative ; tous ont
vécu longtemps après l’événement relaté, sauf le dernier. Le cas de Guan
Ning mérite d’être souligné ; il n’a pas accompli d’acte de bravoure
spectaculaire ; dans un monde en désordre, il s’est retiré pour vivre
pauvrement en éduquant le peuple par l’enseignement et par l’exemple.
Le poème revient ensuite au Souffle
juste :
27)« Ce que ce Souffle remplit
demeurera,
Majestueux, pendant la durée de dix mille
antiquités.
Alors qu’il relie les astres comme la lune
et le soleil,
30)En quoi la question de la vie ou de la
mort de chacun mérite encore d’être
débattue?
Grâce à lui, les liens retenant la terre
sont établis,
Les piliers du ciel maintiennent celui-ci
dans sa haute position,
Les Trois Relations organisent la vie de
chacun,
Et la Voie, le Sens du Juste ont leur
racine.
35)Hélas ! Je rencontre une très
mauvaise chance,
L’employé subalterne que je suis est
impuissant.
….. »
En une douzaine de vers Wen Tianxiang décrit
sa captivité, puis il semble être encouragé par deux années de bonne
santé :
47) « J’ai vécu ainsi deux années,
pendant lesquelles,
Les cent maladies m’ont épargné.
Ah ! Hélas ! Cet endroit bas et
humide,
50)Me sert maintenant d’habitation calme et
confortable.
Quel artifice étrange fait que l’alternance,
Du Yin, du Yang, du froid et
de la canicule ne peut m’atteindre ?
Ce n’est que le Souffle juste qui brille
dans mon coeur,
Et qui me fait voir les choses de la vie
comme des nuages flottants.
55)Mon cœur est triste mais il reste calme
et lointain,
Le ciel bleu peut-il avoir une limite ?
Le temps des sages est déjà éloigné,
Et les modèles se trouvent dans un lointain
passé.
Sous l’auvent j’ouvre un livre et je lis,
60)La Voie ancienne brille devant mon
visage. »
4 Conclusion .
Wen Tianxiang était
un grand patriote, loyal envers son pays et la dynastie régnante ; sa
détermination était exemplaire ; ses poèmes le disent.
Le « Zheng qi
ge » montre que son auteur croit à l’existence dans l’univers d’un Souffle
juste, il se manifeste chez l’être humain par des actes de droiture, des
comportements de rectitude. Il serait réductionniste de considérer que ce
souffle est simplement une énergie matérielle; il n’est pas non plus un
dieu qui indique à l’être humain ce
qu’il doit faire ; Wen Tianxiang a bien précisé que chez l’être humain ce
Souffle juste est le souffle débordant (hao ran zhi qi浩然之气;en Vn:hạo
nhiên chi khí ) défini par Mencius comme un souffle grand
et fort, nourri de droiture (zhi直; trực),
non lésé et qui s’unit avec le Sens du juste (Yi义; Nghĩa) et la Voie ( Dao道;Đạo). Comme c’est le même
souffle qui existe partout et depuis toujours, il joue aussi un rôle de lien entre
tous les humains droits et nobles du passé, du présent et du futur, humains que
le souffle relie aussi aux astres et au cosmos.
Annexes:
1) http://baike.baidu.com/view/98170.htm
文天祥 正气歌
楚囚缨其冠,传车送穷北。鼎镬甘如饴,求之不可得。阴房阒鬼火,春院闭天黑。
2) http://vi.wikipedia.org/wiki/V%C4%83n_Thi%C3%AAn_T%C6%B0%E1%BB%9Dng
Văn Thiên Tường
Chính khí ca
Thiên địa hữu chính khí
Tạp nhiên phú lưu hình
Hạ tắc vi hà nhạc
Thượng tắc vi nhật tinh
Ư nhân viết "hạo nhiên"
Bái hồ tắc thương minh
Hoàng lộ đương thanh di
Hàm hòa thổ minh đình
Thời cùng tiết nãi hiện
Nhất nhất thùy đan thanh
Tại Tề thái sử giản
Tại tấn Đổng Hồ bút
Tại Tần Chu Hợi truỳ
Tại Hán Tô Vũ tiết
Vi Nghiêm tướng quân đầu
Vi Kê thị trung huyết
Vi Trương Thư Dương xỉ
Vi Nhan Thường Sơn thiệt
Thanh tháo lệ băng tuyết
Hoặc vi Xuất Sư Biểu
Quỉ thần khấp tráng liệt
Hoặc vi độ giang tiếp
Khẳng khái thôn hồ yết
Hoặc vi kích tặc hốt
Nghịch thụ đầu phá liệt
Thị khí sở bàng bạc
Lẫm liệt vạn cổ tồn
Đương kỳ quán nhật nguyệt
Sinh tử an túc luân
Địa duy lại dĩ lập
Thiên trụ lại dĩ tồn
Tam cương thực hệ mệnh
Đạo nghĩa vi chi căn
Ta dư cấu dương cửu
Lệ dã thực bất lực
Sở tù anh kỳ quan
Truyện xa tống cùng bắc
Đỉnh hoạch cam như di
Cầu chi bất khả đắc
Âm phòng niết quỉ hỏa
Xuân viện bí thiên hắc
Ngưu ký đồng nhất tạo
Kê thê phụng hoàng thực
Nhất triêu mông vụ lộ
Phân tác câu trung tích
Như thử tái hàn thử
Bách lệ tự tích dịch
Ai tai tự như trường
Vi ngã an lạc quốc
Khởi hữu tha cù xảo
Âm dương bất năng tặc
Cố thử cảnh thảm bại
Ngưỡng thị phù vân bạch
Du du ngã tâm bi
Thương thiên hạt hữu cực
Triết nhân nhật dĩ viễn
Điển hình tại túc tích
Phong diêm triển thư độc
Cổ đạo chiếu nhan sắc
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Bài ca chính khí
Trời đất có chính khí
Tỏa ra cho muôn loài
Là sông núi dưới đất
Là trăng sao trên trời
Đầy rẫy cả vũ trụ
Khí hạo nhiên của người
Gặp cảnh đời bình trị
Triều thịnh vang lời vui
Khi cùng, tiết tháo rõ
Sử xanh ghi đời đời.
Ở Tề, sách Thái Sử
Ở Tấn, bút Đổng Hồ
Ở Tần, chùy Bác Lãng
Ở Hán, cờ họ Tô
Đầu Nghiêm thách trước giặc
Máu Kê trên áo vua
Răng Trương công chửi địch
Lưỡi Kiều Khanh mắng thù.
Hoặc là mũ Liêu Đông
Vẻ băng tuyết phau phau
Hoặc là biểu "Ra quân"
Lẫm liệt quỷ thần sầu
Hoặc qua sông gõ nhịp
Khảng khái nuốt quân Hồ
Hoặc giật hốt đánh giắc
Phường tiếm nghịch toang đầu.
Khi ấy tràn ngập tới
Oai nghiêm muôn thuở còn
Khi đã vượt nhật nguyệt
Sống thác chuyện con con!
Khuôn đất nhờ đó vững
Cột trời nhờ đó còn
Ba giường được gìn giữ
Đạo nghĩa có gốc nguồn.
Xót ta gặp vận ách
Tướng sĩ thực hèn nhát
Dải mũ buộc thân tù
Xe chở lên cực bắc
Ninh nấu cũng cam lòng
Còn để ta mong mãi
Phòng sâu ma lập lòe
Viện xuân thành ngục tối!
Ngựa giỏi nhốt cùng trâu
Chuồng gà, phượng nhặt thóc
Thân này khi gió sương
Đành rãnh ngòi lăn lóc
Thế mà hai năm qua
Tránh xa bao khí độc
Thương ôi! Chỗ lội lầm!
Lại sống yên tối sớm
Phải đâu khôn khéo gì
Âm dương không dám phạm
Vằng vặc tấm cô trung
Ngẩng nhìn mây trắng nổi
Buồn thay! Nỗi lòng ta
Trời xanh cao vời vợi!
Thánh hiền khuất lâu rồi
Khuôn phép vẫn không mất
Hiên gió mở sách coi
Gương xưa soi trước mặt.
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