jeudi 5 mai 2016

Pronoms personnels, assimilés pronoms personnels et mots servant à l’adresse en vietnamien. Un texte court à l’attention notamment des personnes apprenant le vietnamien. Ho Manh Trung.



1)   Introduction.
En parlant à un oncle, une grande tante, à une personne sans lien familial, plus jeune ou plus âgée que nous … quel pronom personnel faut il utiliser pour la désigner,  quel mot servant à l’adresse faut il employer quand on s’adresse à lui ? En français courant,  le problème est relativement simple ; on emploie : tu ou vous pour  le pronom selon le cas  et pour l’adresse : monsieur, madame, mademoiselle ou pas d’adresse tout simplement ; le problème est relativement  simple. La situation est analogue en anglais. Il est plus compliqué en vietnamien.
La présente note est destinée aux adultes apprenant le vietnamien ou aux jeunes d’origine vietnamienne nés et vivant à l’étranger souhaitant approfondir ce sujet.
En gros, nous pouvons  classer les mots qui nous intéressent dans cet article en deux catégories :
-catégorie A : les pronoms proprement dits,
-catégorie B : des « assimilés pronoms » qui sont des noms désignant :                    
 a) des membres d’une   famille,                                                                                     
 b) des membres d’une relation sociale,                                                                          
 c) des personnes occupant une position sociale ,                                                       
 et qui sont aussi utilisés comme des pronoms ; à côté de cette fonction d’assimilés pronoms, ces mots continuent de jouer, même simultanément, un rôle assez net, en tant que mots d’adresse amicale, affectueuse ou  respectueuse.
2)    Pronoms proprement dits (catégorie A)
Ces pronoms proprement dits, que nous convenons d’appeler : pronoms de catégorie A, ce sont ces mots (ou groupes de mots) dont la fonction principale  est de servir de pronoms ;  bien entendu,  nous ne parlons pas de mots homophones qui s’écrivent et se prononcent de la même manière et qui ont un sens tout à fait autre ; on a par exemple le mot « mày » qui désigne le sourcil et qu’il est impossible de confondre avec le mot « mày » signifiant : « tu ».

Nous avons ainsi pour la 1ère, 2ème  et 3ème personne :
    Au singulier :                             Au pluriel :
1. Tao  = Je                            Chúng tao  = Nous (ne comprenant pas l’interlocuteur)
2.  Mày = Tu                         Chúng mày (ou Chúng bay, forme équivalente)   = Vous
3.     = Il, Elle                   Chúng nó     = Ils, Elles

Pour obtenir le pronom au pluriel il suffit de faire précéder le pronom au singulier par le mot « chúng » qui indique qu’il s’agit de plusieurs,  de nombreuses personnes.
Ces pronoms forment  un  groupe dont la constitution est logique, cohérente, mais ils  sont, actuellement, d’une utilisation relativement limitée car considérés comme impolis.
Des exemples d’utilisation sont cités ci-dessous:
-Emploi, notamment  au  siècle dernier,  par de jeunes garçons de 5, 6 ans dans leurs jeux, emploi plutôt désapprouvé par leurs parents ;
-Invectives par des hommes sur le point d’en venir aux mains, échanges  entre ennemis ;
-Cas d’une personne parlant d’ennemis ;
-Cas d’une personne parlant à un animal ou parlant d’un ou des  animaux.
Il existe d’autres pronoms appartenant à cette catégorie A ; ils sont d’un emploi plus rare, sauf pour  un cas  précisé ci-dessous. Il s’agit de :
     Au singulier :                             Au pluriel :
1.Ta  =  Je                                     Chúng ta  = Nous (comprenant  l’interlocuteur),                                                                                                                                  
2. Mi  =   Tu                       
3.  Y, Hắn  = Il

« Ta », pronom désignant la 1ère personne  au singulier,  peut être utilisé par une personne considérée comme ou se considérant comme supérieure, parlant à une personne supposée  inférieure ; actuellement, il est assez peu utilisé en tant que tel car cet emploi serait trop emphatique et plutôt prétentieux.
Par contre le pronom  Chúng ta  =  Nous (comprenant l’interlocuteur ou les interlocuteurs ) est très convivial et très utilisé.
En pratique,  il vaut mieux, pour le débutant,  d’éviter d’employer les pronoms : Ta (au singulier, avec le sens de Je), Mi, Y et Hắn.
Le mot « ta » est aussi employé de façon courante en combinaison avec des mots tels que : Ông (Monsieur ; Grand père)* , Bà (Madame, dame ; Grand’mère)* ,Cô (Mademoiselle, demoiselle ; tante)* … pour former des expressions : Ông ta (Ce monsieur), Bà ta (Cette dame), Cô ta (Cette demoiselle)... ; les traductions données entre parenthèses : « Ce monsieur » , « Cette dame … » sont approximatives ; en effet s’il est  couramment admis  que « ta », dans ce cas, a grosso modo le sens de «ấy», il convient de noter que «ấy» est un démonstratif pur qui s’applique aussi bien aux choses, aux animaux, qu’aux humains, alors que « ta » qui ne s’applique qu’aux humains semble, dans le cas présent, inviter le lecteur à considérer de façon globale la personnalité de l’individu en question dans ses réactions face aux choses de la vie. « Ông ta », «Bà ta », «Cô ta »…peuvent ne pas être aussi neutres que : « Ông ấy », «Bà ấy », «Cô ấy »…

 _______________________________________________________________
 *Les mots : Ông, Bà, Cô seront étudiés au paragraphe 3.2

3)   « Assimilés pronoms »  et  mots d’adresse (catégorie B)

3.1 Généralités. 

Les pronoms classés dans la catégorie A ci-dessus sont des mots (ou groupes de mots) dont la fonction principale  est de servir de pronoms. Nous allons étudier dans le présent  paragraphe  des mots qui sont  des noms désignant  des membres d’une   famille, des membres d’une relation sociale ou désignant des  personnes occupant une position sociale, et qui sont aussi utilisés comme des pronoms tout en  gardant leur fonction en tant que mots d’adresse. Par la suite,  nous les appellerons  Assimilés pronoms et mots d’adresse.
Avant  d’examiner  de façon générale cette catégorie: « Assimilés pronoms et mots d’adresse », nous allons étudier un cas particulier, celui des mots utilisés en famille ou dans un clan ; ce cas particulier est important par lui-même mais aussi parce que certains des mots qu’il emploie sont utilisés, par extension, dans des situations ne présentant pas nécessairement un  lien de parenté entre les personnes concernées.

3.2 Etude d’un cas particulier : les mots utilisés en famille (ou dans un clan)

Les  mots vietnamiens  suivant : Cụ, Ông, Bà, Bố, Mẹ, Bác, Chú, Thím, Cậu, Cô, Anh, Chị, Em, Con, Cháu sont des mots utilisés pour les relations entre personnes appartenant  à une même famille (ou sur un plan plus large, d’un même clan). Avant d’examiner l’utilisation d’un certain  nombre d’entre eux comme des pronoms par assimilation  dans les relations entre personnes n’ayant pas nécessairement de liens familiaux, nous allons voir rapidement, dans ce §3.2, comment ces mots sont utilisés dans le cadre de la famille, puis dans celui du clan, avec leur sens initial.
Ils sont présentés dans le Tableau 1 ci-dessous en deux colonnes  1.1 et 1.2  avec leurs  traductions en français ; l’utilisation de ce Tableau sera explicitée à la fin du paragraphe.

Tableau 1 : Mots utilisés comme pronoms ou mots d’adresse par les membres d’une famille ou d’un clan.
 Colonne 1.1 :                                                       Colonne 1.2 :
Cụ (arrière-grand-père, arrière-grand-mère) Cháu (arrière-petit-enfant)        
Ông (grand-père)                                           Cháu (petit-fils, petite-fille, petit-neveu…)      
Bà (grand-mère)                                            Cháu (petit-fils, petite-fille, petit-neveu…)         
Bố (père, papa)                                              Con** (enfant, fils, fille)
Mẹ (mère, maman)                                        Con **(enfant, fils, fille)
Bác (oncle aîné ou tante aînée)                     Cháu (neveu, nièce)
Chú (oncle puîné côté paternel)                    Cháu (neveu, nièce)
Thím (tante puînée côté paternel)                 Cháu (neveu, nièce)
Cậu (oncle puîné côté maternel)                   Cháu (neveu, nièce)
Cô (tante puînée côté maternel)                    Cháu (neveu, nièce)
Anh (frère aîné)                                             Em (frère puîné ou sœur puînée)
Chị (sœur aînée)                                            Em (frère puîné ou sœur puînée)


**Le mot « con » se prononce comme « con » dans « connaître »


La colonne 1.1, qui  peut être appelée celle des seniors, comprend 12 mots, tous différents, désignant des personnes allant depuis l’arrière-grand-père, l’arrière-grand-mère jusqu’au frère aîné ou à la sœur aînée ; la colonne 1.2 , qu’on peut appeler celle des juniors, ne comprend que trois mots différents ; les mots con (enfant, fils, fille)  et em (frère puîné ou sœur puînée), bien que n’indiquant pas le genre, masculin ou féminin,  ne présentent  pas trop de risque d’erreur grave, grâce notamment au fait que les prénoms masculins et féminins sont souvent très différents  ; par contre le mot cháu qui désigne  aussi bien un arrière petit enfant, un petit-fils, une petite-fille  qu’un neveu ou une nièce peut conduire à des confusions ou au moins à des hésitations, d’où la nécessité d’apporter éventuellement une précision dans ces cas.
Avec  cette présentation en deux colonnes, les règles d’utilisation sont assez simples : dans un dialogue, chaque personne choisit dans colonne adéquate 1.1 ou 1.2 le mot qui correspond  à sa position  dans hiérarchie de la famille vis-à-vis de l’interlocuteur ; elle se désigne par ce mot et appelle l’interlocuteur par le mot correspondant de l’autre colonne qui se trouve sur la même ligne. Les exemples ci-dessous permettront de rendre plus concrète cette règle d’utilisation.

Exemples d’utilisation :

Exemple 1 : Conversation entre une grand-mère et un de ses petits enfants :

 -Bà yêu cháu lắm .
 -Cháu cũng yêu bà lắm.

Les mots bà et cháu sont ceux de la troisième ligne du Tableau 1 ; grâce au mot bà (grand-mère) un traducteur sait que le mot cháu désigne ici un petit-enfant  et non un neveu ou une nièce (aussi désignés par le mot cháu).

Comme traduction  nous pouvons avoir, en  mot à mot :
-  Grand-mère aime beaucoup petit-enfant.                                                                                                -  Petit-enfant aime aussi beaucoup grand-mère.
Une traduction en mot à mot donnerait  ainsi l’impression que la langue vietnamienne utilise beaucoup de  constructions à la troisième personne ; à notre avis ce n’est qu’une apparence due au fait que le vietnamien utilise les mots Bà et Cháu comme des pronoms et aussi, en même temps, comme des mots d’adresse. Avec  cette hypothèse de l’utilisation des mots Bà et Cháu on aurait la traduction suivante :
- Je t’aime beaucoup, mon petit enfant.                                                                           
- Je t‘aime aussi beaucoup, grand-mère.

Si l’on prend la phrase en français comme un modèle pour l’analyse de la structure de la phrase, on dirait que les  mots Cháu (1ère phrase) et Bà (2ème phrase) jouent, dans cet exemple, à la fois le rôle du pronom personnel « te » et celui du mot d’adresse « petit-enfant » ou « grand-mère ».

 Exemple 2 : Un neveu salue son oncle :
-Cháu xin chào  bác ạ.
-Chào cháu, cháu khỏe không.

Une traduction en mot à mot donnerait :  
-  Neveu demande l’autorisation de saluer l’oncle aîné.                                                      
-  Je salue mon neveu, mon neveu est-il en bonne santé ?
 De nouveau,  cet échange ressemble à une construction à la troisième personne, ce qui  ne correspond pas à la mentalité vietnamienne.
Avec l’hypothèse que les mots cháu (neveu) et bác (l’oncle aîné) sont utilisés dans leur double fonction de pronoms et de mots d’adresse, on aurait, par exemple, la traduction suivante: 
- Permettez-moi de vous saluer, mon oncle.                                                                                     
 - Bonjour, mon neveu,  comment vas tu ?

Les mots des deux colonnes A et B ci-dessus, à l’exception des mots Bố (père,papa), Mẹ (mère, maman) et Con (dans ses sens stricts : enfant, fils, fille) sont également utilisés au niveau du clan avec, lorsque cela est nécessaire et acceptable,  le mot « họ » qui signifie : clan. Ainsi « anh họ =frère aîné au niveau du clan, soit : cousin » et « em họ= frère puîné  au niveau du clan, soit : cousin » ; si votre père (ou mère) est aîné(e) du père (ou de la  mère) du cousin, vous êtes son « anh họ =frère aîné au niveau du clan » même si vous êtes beaucoup plus jeune que lui ; dans le cas contraire, vous êtes son « em họ= frère puîné  au niveau du clan » même si vous êtes beaucoup plus âgé que lui. 
Les membres d’un même clan, qui se connaissent bien, utilisent en général  les  mots du Tableau 1 pour se désigner mutuellement sans qu’il soit nécessaire d’ajouter le  mot «họ ». Cette précision, par le mot «họ » peut être fournie, par exemple, lorsqu’on présente un cousin,  une cousine à une personne n’appartenant pas au clan ; de cette façon, la personne qui ne connaît pas les membres de la famille, n’aura pas à se demander si elle a affaire à des frères et sœurs  ou à des cousins.
Le cas particulier, qui vient d’être étudié dans ce paragraphe 3.2 est important, d’abord parce qu’il concerne la  famille et le clan (sujets non négligeables) mais aussi parce qu’un certain nombre de ces mots désignant des membres d’une famille, étudiés ci-dessus, seront utilisés, par extension en quelque sorte, comme des pronoms dans des relations entre personnes n’ayant pas de relations familiales ou claniques.

Par la suite, nous allons reprendre le sujet selon  l’ordre classique : pronoms se rapportant à la 1ère personne,  à la 2ème personne puis à la 3ème personne.

3.3  Assimilés pronoms de la catégorie B1 (pour la 1ère personne) : Tôi, Chúng tôi et Tớ, Chúng tớ
Nous allons considérer dans ce paragraphe les  mots qui ont leur sens propre et qui jouent aussi le rôle de pronoms  se rapportant à la 1ère personne ;  il s’agit de :
1a. Tôi  = Je                     Chúng tôi = Nous (ne comprenant pas l’interlocuteur)
1b. Tớ = Je                      Chúng tớ =  Nous (ne comprenant pas l’interlocuteur)

Les mots : « Tôi = Je » et  « Chúng tôi =Nous » très utilisés sont particulièrement importants.
Ceux  de la ligne 1b « Tớ = Je »  «Chúng tớ =  Nous » constituent une forme familière, utilisée surtout entre de jeunes  amis; leur emploi est donc  plus limité.
Outre le fait d’être utilisés comme des pronoms, « Tôi » et « Tớ » sont aussi des noms communs dont le sens est bien connu.
En effet, « Tôi », outre le sens de: « Je », désigne aussi une personne qui se met au service de quelqu’un d’autre; ainsi un grand mandarin peut employer l’expression : « Làm  tôi Triều đình » soit  « Faire le travail d’un serviteur de la Cour »  ou « Être au service de son Souverain ».
De même « Tớ » désigne aussi  un serviteur et l’expression binaire « Tôi tớ » désigne les serviteurs dans une famille par exemple.
L’hypothèse que nous proposons consiste à admettre que les noms : Tôi et Tớ qui ont le sens de : serviteur, existaient  avant et désignaient des personnes qui dépendaient d’autres pour  leur  travail ; ils ont été ensuite utilisés, par modestie, par des personnes pour se désigner et se sont transformés ainsi avec le temps, en pronoms désignant  la 1ère personne (tout en conservant leur rôle initial en tant que noms).
Il convient de rappeler ici que dans le cadre d’une famille ou d’un clan, pour se désigner il faut  d’employer un  des mots du Tableau 1 comme expliqué au § 3.2 ; l’emploi du mot  «Tôi» risque d’être inadéquat, car il remet en cause le lien familial.

3.4 Assimilés pronoms et mots d’adresse de catégorie B2 (pour la 2ème personne) : Cụ, Ông, Bà, Bố, Mẹ, Bác, Chú, Thím, Cậu, Cô, Anh, Chị, Em, Con, Cháu, Bạn, Vị.

Nous allons aborder dans ce paragraphe les mots utilisés comme pronoms et/ou comme mots d’adresse pour  la 2ème personne, c’est-à-dire la  personne à qui le locuteur  s’adresse.
Ces mots utilisés comme pronoms ou mots d’adresse pour  la 2ème personne sont aussi des noms désignant les membres d’une famille ou d’une relation sociale; ils sont nombreux ; les principaux sont présentés dans le Tableau 2 ci-dessous.

Tableau 2 : Mots utilisés comme assimilés pronoms ou mots d’adresse pour  la 2ème personne.
                     I 
I.a) Mots désignant les membres d’une famille, encore très utilisés avec leur sens initial dans le cadre familial (voir §3.2).                   
 I.b) Mots désignant les membres d’une relation sociale ou d’une position sociale.
                II                           
Mots empruntés à la colonne I utilisés dans l’administration, le commerce ou par des personnes s’adressant à des  inconnus ou presque inconnus. Les mots français donnent leurs  sens dans les emplois de cette colonne II.
               III  
Mots empruntés à la colonne I utilisés entre amis ou entre personnes ayant des relations proches. Les mots français donnent leurs  sens dans les emplois de cette colonne III.
I.a) Mots désignant les membres d’une famille ou même d’un clan :
cụ= arrière-grand-père, arrière-grand-mère, arrière-grands-parents
ông = grand-père
  = grand-mère
bố= père, papa
mẹ=mère, maman
bác=oncle aîné ou tante aîné(e) , côté paternel ou maternel
chú= oncle puiné côté paternel
thím = tante puînée côté paternel                      
cậu= oncle, puiné côté maternel
=  tante, puinée  côté ma-ternel
anh=frère ainé
chị =sœur ainée
em = frère ou sœur puiné(e)
con= enfant, fils, fille
cháu=neveu, nièce mais aussi : petit-fils, petite-fille, petit-neveu, petite-nièce, arrière-petit-enfant
L’utilisation directe de ces mots entre les membres d’une famille (ou d’un clan) est déjà présentée  au §3.2



















 







































I.b) Mots désignant les membres d’une relation sociale ou des personnes occupant une situation sociale ;  les plus importants sont : bạn et vị.

 bạn= ami (e)





















  vị =ce mot a le sens de position physique dans l’espace mais aussi celui de position sociale pour les personnes.
                                                              

ông = monsieur ; vous
   = madame ; vous
   = mademoiselle ; vous
Les deux mots ông et sont très utilisés comme leurs  équivalents en français : monsieur et  madame. Ils sont devenus presque standard.
Le mot désigne une femme jeune, non mariée ; son emploi pour s’adresser à une jeune fille de 14,15 ans ou 17,18 ans semble très indiqué ; si vous appelez et non pas une  personne  de 30, 35 ans, mariée, elle vous le pardonnera facilement.
Un garçon de 14, 16 ans, trop jeune pour être appelé ông (grand père ; monsieur) peut être appelé  cậu (oncle puiné ; jeune monsieur)                  
Le mot Quý (=Quí) qui signifie : honorable, et  dont  l’utilisation  est presque toujours associée à un groupe d’au moins 2 personnes, devient ainsi presque une indication du pluriel : Quý ông, Quý bà, Quý cô,  soit Honorables Sieurs, Honorables Dames, Honorables Demoiselles.
Le mot Các indique aussi le pluriel ; il est moins formel que le mot Quý.



















Le mot cụ est à utiliser quand il s’agit de personnes très âgées.








































































  

L’expression quý vị est souvent utilisée pour désigner l’ensemble des personnes, de conditions diverses, dans une assemblée.


anh =tu, vous (au singulier) pour s’adresser  à un ami, un camarade, une connaissance homme assez proche, que le locuteur soit homme ou femme.     
các anh ou quý anh = vous au pluriel pour s’adresser à plusieurs amis ou camarades hommes.                     
chị = tu, vous  (au singulier) pour s’adresser à une amie, une connaissance femme  assez proche, que le locuteur soit homme ou femme.                         
các chị ou quý chị = vous au pluriel pour s’adresser à plusieurs amies ou camarades femmes.                       
các anh chị ou quý anh chị = vous ;  pour s’adresser à un groupe mixte.
A partir d’un certain âge, 35, 40 ans par exemple, certaines  personnes peuvent préférer, un usage un peu plus formel qui consiste à remplacer les 3 expressions :  anh, chị, et anh chị  par le  mot : bác (oncle ainé, tante ainée) ; cet emploi revient à appeler l’interlocuteur : oncle ou tante ainé(e) de mes enfants, mais en sous-entendant les 3 mots soulignés.
Si l’interlocuteur est clairement plus jeune que le locuteur, celui-ci peut, au lieu du mot bác     (oncle,tante ainé_e), employer les mots : chú (oncle puiné, sous-entendant : de mes enfants), (tante puinée).
Pour les personnes très âgées, il convient d’utiliser le mot  cụ.                            
Le cas d’un couple :      Pour un homme et une femme qui viennent de se rencontrer, ce sont les termes de la colonne II : ông = mon- sieur              
    = madame                
    = mademoiselle
 qui sont utilisés.              
Une fois qu’ils  se connaissent  mieux  sans relation particulière, les règles à appliquer sont celles cette colonne III : les deux se nomment : tôi= je ; l’homme appelle la femme : chị =sœur ainée et la femme appelle l’homme : anh=frère ainé.
Les pratiques changent au cas où les deux forment un couple :                            
 a) la femme appelle l’homme  anh=frère ainé, se désigne par em =  sœur puinée ou par son prénom principal tel que Hoa= Fleur (dans Nguyễn thị Hoa, par exemple) ;                               b) l’homme appelle la femme em =  sœur puinée ou le fait  par son prénom principal tel que Hoa= Fleur et se désigne par  anh= frère ainé ;               
 c) l’emploi des mots anh et em n’implique en rien une hiérarchie, il traduit surtout une grande tendresse ; sur ce point l’emploi du mot em pour désigner la femme est, me semble-il, un peu plus tendre que l’emploi de son prénom tel que  Hoa.







 bạn=ami ou amie ; on peut remplacer : các anh, các chị, các anh chị (voir ci-dessus), par l’unique expression : các bạn ; de même les expressions quý anh , quý chị, quý anh chị peuvent être remplacés par : quý bạn. Il convient cependant de ne pas remplacer systématique- ment  anh, chị ou anh chị   par bạn. Notamment en s’adressant à une seule personne, il vaut mieux utiliser les mots : anh ou chị, qui sont  plus personnels que bạn.  





  Un orateur commence souvent son discours par les mots : Thưa quý vị qui signifient : Honorables Sieurs, Dames et Demoiselles,  (Permettez moi de vous dire …etc…)


3.5 Assimilés pronoms, catégorie B3  (pour la 3ème personne) : Cụ, Ông ấy, Bà ấy, Bác ấy, Chú ấy, Cô ấy, Cậu ấy, Anh ấy, Chị ấy, Cháu ấy, Bạn ấy.

Nous abordons maintenant les assimilés pronoms correspondant à la 3ème personne du singulier et du pluriel ; ils sont formés en ajoutant aux assimilés pronoms de la catégorie B2: Ông, Bà, Bác, Chú, Cô, Cậu, Anh, Chị, Cháu, Bạn  présentés au paragraphe précédent le mot ‘ấy, un mot ayant la valeur d’un démonstratif ; cela donne : Ông ấy, Bà ấy, Bác ấy, Chú ấy, Cô ấy, Cậu ấy, Anh ấy, Chị ấy, Cháu ấy, Bạn ấy, expressions  qui signifient : Ce  Monsieur ou le Monsieur dont on parle, Cette Dame ou la Dame dont on parle, Cet Oncle aîné ou cette Tante aînée dont on parle, etc… ; on hésite à ajouter ‘ấy au mot Cụ car cela paraît impoli vis-à-vis d’une personne très âgée, d’avoir à apporter une telle précision, d’autant plus que de telles  personnes sont, dans le passé, relativement  rares; ‘ấy’ est donc sous-entendu dans ce cas.
On notera que les pronoms à la 3ème personne du singulier ou du pluriel se rapportent nécessairement à des personnes humaines comme ceux de la 1ère ou de la 2ème personne ; il n’y a pas de pronom à la 3ème personne pour les verbes impersonnels comme en français par exemple ; pour dire «Il pleut » le vietnamien dit : « Trời mưa » (ciel pluvieux) et pour dire « Il fait beau » « Trời nắng » (ciel ensoleillé).
Il existe bien des expressions telles que «Ông Trời» (Grand-père Ciel ou Monsieur Ciel) ou «Trời đất ơi! » (Ô ! Ciel et terre !…), mais de telles formules de personnalisation ou d’invocation  du ciel et/ou de la terre semblent, actuellement, purement formelles et n’ont pas  contribué, par elles mêmes, à développer  une éventuelle croyance durable en l’existence d’un Être Suprême pouvant, par exemple, récompenser ou punir, dans une vie future, les êtres humains pour leur conduite plus ou moins exemplaire dans cette vie sur Terre.

4)   Quelques exemples d’utilisation.

Afin de rendre plus concrète l’utilisation des mots dont les fonctions ont été précisées, notamment dans les Tableaux 1et 2, sont présentés ci-dessous deux exemples de phrases en vietnamien avec leurs traductions en français.

4.1 Premier exemple :
Nous présentons ci-dessous trois traductions possibles de la même phrase exemple en vietnamien :     Contexte : Quelqu’un sonne, les maîtres de maison ouvrent et saluent les visiteurs ;

Phrase exemple Vi a : « Xin chào anh chị, xin mời anh chị vào ».

Ci-dessous, quelques traductions possibles de cette phase :

T1a : En traduisant de façon littérale les mots « anh chị », nous obtenons :
« Nous  saluons frère et sœur et nous  invitons frère et sœur à entrer. 
Cette traduction littérale T1a donne l’impression qu’en vietnamien,  la salutation et l’invitation à entrer sont formulées sur le mode impersonnel ; à notre avis ceci n’est qu’une apparence, car  les maîtres de maison s’adressent bien aux visiteurs  et l’expression «anh chị » comporte bien une grande partie du sens du pronom « vous » en français. Ce point montre simplement la difficulté de toute traduction entre deux langues assez éloignées l’une de l’autre, comme le vietnamien et le français

T2a : « Nous vous saluons, chers amis, veuillez entrer s’il vous plaît. »
A notre avis, le sens de la phrase en vietnamien Vi a  est correctement rendu par cette traduction T2a, qui considère la 1ère partie  «Xin chào anh chị »  comme une salutation et une adresse combinées, adresse qui peut être rendue par des expressions telles  que « chers amis », « chers voisins », … ; en effet l’expression « anh chị » joue son rôle « technique » de pronom pur en tant que complément  du verbe « saluer », tout comme le pronom « vous » en français,  mais il n’a pas perdu pour autant la nuance de proximité familiale, amicale qu’il comporte, proximité que la traduction T2a essaie de rendre par les deux mots  « chers amis »; dans la 2ème partie « xin mời anh chị vào » « anh chị » peut être traduit simplement par « vous », car la nuance de  proximité familiale, amicale, déjà prise en compte, n’a pas besoin d’être répétée.

T3a : Pour présenter au lecteur les particularités des deux langues on pourrait penser à une traduction telle que:
« Nous  vous saluons frère et sœur et nous  vous prions d’entrer ».
Cette traduction T3a, qui est un peu mixte, souligne dans sa 1ère partie («Nous  vous saluons frère et sœur») un certain aspect de la « proximité familiale » qui existe dans la langue vietnamienne  et dans sa 2ème partie («et nous  vous prions d’entrer ») la simplicité géniale du français.

 4.2 Second  exemple:

Pour cet exemple nous allons emprunter, à Thế Lữ, deux vers célèbres qui  correspondent aux  paroles  adressées par une femme séparée ou bientôt séparée de son homme :
 « Anh đi đường anh, tôi đi đường tôi
   Tình nghĩa đôi ta, có thế thôi »
[Extrait du poème « Giây phút chạnh lòng » de Thế Lữ (Vérification faite sur Internet le 02 05 2016)]

Ci-dessous quelques  traductions : 

T1b  Une traduction littérale :
« Grand -frère va le chemin de grand-frère, la servante va le chemin de la servante,     
 C’est tout ce qui reste de nos relations »

 T2b Une autre traduction :
« Vous allez votre chemin et moi le mien,                                                                                   
 C’est tout ce qui reste de nos relations. »

Rappelons que dans un couple, la femme se désigne (et est nommée) soit par le mot « Em = Petite sœur » soit par son prénom comme Hoa par exemple; si elle utilise le pronom ordinaire : « Tôi=Je, votre serviteur, votre servante », c’est que les membres du couple sont séparés ou risquent d’être séparés ; mais, dans cet exemple, elle continue à appeler son ami « Anh= Frère aîné » ce qui peut signifier que la séparation ne vient pas d’elle, qu’elle la regrette; si elle avait utilisé le mot « Ông= Grand-père, Monsieur, Vous » alors cela signifierait qu’elle est très mécontente et chercherait  à rompre.

5)   Conclusions.
 Au terme de cette petite étude sur un sujet complexe, il convient de souligner le rôle important, chez les vietnamiens, du « Xưng hô » dans le domaine des relations interpersonnelles. « Xưng hô » en vietnamien correspond à «Chēng » en chinois, expression que le Dictionnaire français de la langue chinoise de l’Institut  Ricci traduit par « Appellation respectueuse ».
Pour mettre en pratique cette « Appellation respectueuse », la langue vietnamienne a utilisé à la place des pronoms proprement dits que nous avons appelés:« Pronoms  de catégorie A » des noms désignant des membres d’une relation sociale ou familiale ; ainsi :                                                                                                                                                          -Tôi =   serviteur  sert aussi à dire :       Je ;                                                                             
-Ông = grand-père  sert aussi  à dire :   Monsieur, Vous ;                                              
-=   grand’mère sert aussi à dire :    Madame,  Vous ;                                                  
-=   tante puinée  sert aussi à   dire :Mademoiselle,Vous.                                                                                                                                                                                                           
Les mots (ou groupes de mots) dont la fonction principale  est de servir de pronoms, mots que nous avons  appelés : « Pronoms de catégorie  A » voient ainsi leur rôle réduit dans la langue vietnamienne, parce qu’ils  ont  cédé une partie de leur fonction à des noms désignant  des membres d’une relation sociale  ou ceux d’une   famille comme indiqué ci-dessus, mots que nous convenons d’appeler Assimilés pronoms que nous avons classés dans une « Catégorie B » ; ces Assimilés pronoms qui sont aussi des noms peuvent aussi servir comme mots d’adresse.  




DOCUMENTS CONSULTES :

Le premier document est un article en vietnamien de Wikipedia sur les pronoms personnels dans la langue vietnamienne, les trois autres sont des dictionnaires de la langue vietnamienne.

-Đại từ nhân xưng, Bách khoa toàn thư mở Wikipedia, consulté le 2 mai 2016
-Việt-Nam Tự-điển, Hội Khai-Trí-Tiến-Đức  khởi thảo, Văn Mới, Sài-Gòn, Hà-Nội, 1954.
-Việt-Pháp Từ-điển Dictionnaire Vietnamien-Français, Đào Đăng Vỹ, xuất bản lần thứ tư, (4ème édition), Quê Mẹ, Paris 1977.
-Đại từ điển Tiếng Việt, Nguyễn Như Ý, chủ biên, Nhà Xuất Bản Văn Hóa- Thông Tin, Hà-Nội, 1998.